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Les terrils, des montagnes noires qui symbolisent le Nord minier

LES CURIOSITES DES ROUTES DES VACANCES (5/8) Les terrils sont des collines de résidus issus du tri du charbon, souvent du schiste et du grès, et représentent des vestiges de trois siècles d'extraction minière dans le Nord et le Pas-de-Calais. Certains ont été aménagés pour la randonnée ou en piste de ski, d'autres sont devenus des vignes de chardonnay.

A Loos-en-Gohelle, les terrils atteignent 186 mètres de hauteur.
A Loos-en-Gohelle, les terrils atteignent 186 mètres de hauteur. (CPIE chaîne des terrils)

Par Nicole Buyse

Publié le 10 août 2021 à 08:01

Sur l'autoroute A26, qui relie Calais à Reims, l'automobiliste en provenance de la mer, peut-être un Anglais sortant du tunnel ou d'un ferry, en route vers la Champagne, est surpris d'apercevoir au niveau de la commune de Noeux-les-Mines (près de Béthune dans le département du Pas-de-Calais) une drôle de colline noire, avec en son milieu, une bande toute blanche bordée de pylônes.

Cet étrange relief est un terril de 129 mètres de haut sur lequel a été aménagée en 1996 une piste de ski, équipée de deux téléskis. Les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), les plus hauts d'Europe, culminent même à 186 mètres.

Des collines noires de ce type - certains parlent de pyramides - il en existe plusieurs au bord de l'autoroute A26, puis de l'A21, la fameuse rocade minière, la dorsale du bassin minier. Ces terrils sont des résidus issus du tri du charbon, souvent du schiste et du grès, et représentent des vestiges de trois siècles d'extraction minière dans cette région.

Le charbon y est découvert en 1720 à Fresnes-sur-Escaut, près de Valenciennes. La première compagnie minière démarre en 1757 à Anzin. Il faut attendre 1842 pour que cette exploitation commence dans le Pas-de-Calais. Le record de production est établi en 1930 à 35 millions de tonnes.

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L'extraction charbonnière décline à partir des années 1960, les 600 puits que compte le bassin fermeront les uns après les autres. Le dernier, le 9/9 bis de Oignies, près de Lens, remontera sa dernière gaillette le 21 décembre 1990. Des 350 terrils recensés sur l'ensemble de ce bassin minier, il en reste aujourd'hui 200. Parmi ces vestiges, au niveau de Liévin, un autre terril borde l'autoroute, à l'arrivée sur l'A21.

21 chevalets toujours debout

Un peu plus loin, une autre série semble s'égrainer, bien alignée à distance les uns des autres. Ils épousent en surface la ligne de ce bassin minier qui s'étire sur une bande de 120 km de long et de 12 km de large, depuis le coeur du Pas-de-Calais jusqu'à la frontière belge en passant par le Valenciennois. Ce fut le seul gisement minier européen totalement souterrain, à 1,2 km de profondeur.

Certains terrils sont coniques, de simples mamelons, d'autres sont plats, qualifiés de tabulaires.

Certains terrils sont coniques, de simples mamelons, d'autres sont plats, qualifiés de tabulaires.CPIE chaîne des terrils

Toujours sur l'A21, au niveau de Loos-en-Gohelle, cette fois c'est à droite que le conducteur tourne la tête pour observer une drôle de structure en fer, aux longs pieds ajourés, dont un est oblique. Couvert d'un petit chapeau aux bords dentelés, sous lequel apparaît une roue, il s'agit d'un chevalet. En son centre une cage d'ascenseur descendait et remontait les mineurs, mais aussi le précieux minerai des antres de la terre.

Sur les 150 chevalets répertoriés, il en reste 21. Leur architecture est fine avec des pieds en dentelle de fer tels ceux de la tour Eiffel. Avec la modernisation, ils seront remplacés par des tours en béton, comme celle que l'on aperçoit toujours à Loos-en-Gohelle, juste à côté du chevalet de fer. Certains terrils sont coniques, de simples mamelons, d'autres sont plats, qualifiés de tabulaires. Ils ont en tout cas façonné le paysage de cette région. Avec le temps, certains se sont couverts de verdure, parfois de la main de l'homme, donnant des ambiances paysagères très diversifiées.

Refuges pour la faune et la flore

Ces collines minières doivent leur pérennité à un collectif de défense nommé la Chaîne des Terrils, créé à la fin des années 1980, alors que certains auraient voulu faire disparaître ce qui pouvait être considéré comme des verrues défigurant le paysage, symbole d'une industrie disparue.

Pour cette association, non seulement ils sont un témoin de l'histoire industrielle de la région, à préserver, mais aussi « de véritables écosystèmes et des refuges exceptionnels pour une flore et une faune sauvages ». Leur chaleur (il restait toujours un peu de charbon dans les résidus) a permis le développement d'espèces inconnues.

Patrimoine mondial de l'Unesco

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En 2012, le bassin minier a été classé au patrimoine mondial de l'Unesco, ce qu'un panneau signale sur l'autoroute, en tant que paysage culturel avec ses 4.000 hectares et 353 biens remarquables (écoles, cités minières, carreaux de mine, fosses, équipements collectifs comme les salles des fêtes ou les églises).

Certains terrils ont été aménagés pour la randonnée. De l'autoroute, on peut même apercevoir des cheminements et des escaliers en bois. Sur celui d'Haillicourt, non visible depuis l'autoroute, de la vigne a été plantée en 2013 donnant lieu à des vendanges de chardonnay chaque année, organisées par des bénévoles. En septembre dernier, près de 800 kilos de raisins ont été récoltés.

Nicole Buyse,

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