Aqueduc et moulins de Barbegal

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Aqueduc et moulins de Barbegal
Image illustrative de l’article Aqueduc et moulins de Barbegal
L'aqueduc de Barbegal.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Bouches-du-Rhône
Commune Fontvieille
Protection Logo monument historique Classé MH (1886)
Logo monument historique Inscrit MH (1937)
Coordonnées 43° 42′ 10″ nord, 4° 43′ 17″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Aqueduc et moulins de Barbegal
Aqueduc et moulins de Barbegal
Histoire
Époque IIe – IIIe siècles

L'aqueduc et les moulins de Barbegal constituent un complexe romain de meunerie hydraulique situé à Fontvieille, à proximité de la ville d'Arles. Cet ensemble a été présenté comme « la plus grande concentration connue de puissance mécanique du monde antique »[1].

L'aqueduc est partiellement classé au titre des monuments historiques depuis le [2], certaines de ses parties faisant l'objet d'une inscription depuis le [3].

Description[modifier | modifier le code]

Localisation et description[modifier | modifier le code]

Situé dans la commune de Fontvieille, à environ sept kilomètres à l'est de la ville d'Arles, le vallon des Arcs est franchi par deux ponts aqueducs parallèles, en partie sur arches. Ce dispositif s'explique par les modifications intervenues sur l'aqueduc d'Arles au début du IIe siècle. L'ouvrage primitif comportait deux branches convergeant dans un bassin d'où partait un conduit unique alimentant Arles. Sa branche orientale fut détournée pour alimenter la meunerie de Barbegal, tandis que la branche occidentale continua à alimenter la ville d'Arles. Le pont nouvellement édifié traversait en tranchée le chaînon de la Pène pour alimenter la meunerie. L'eau actionnait deux séries de huit roues verticales à augets disposées de part et d'autre d'une allée centrale. Elles fournissaient l'énergie à des moulins à farine.

Origines[modifier | modifier le code]

L'aqueduc et les moulins de Barbegal ont été construits pour desservir la ville d'Arles. La meunerie pouvait produire 4,5 tonnes de farine par jour, de quoi alimenter les 12 500 habitants d'Arles de cette époque[4]. Toutefois, pour Henry-Paul Eydoux reprenant une hypothèse de Fernand Benoit, la meunerie de Barbegal était :

« Une affaire d'État, relevant vraisemblablement du service de l'annone, produisant pour les subsistances militaires et le ravitaillement officiel, avec une grande partie de la production réservée à l'exportation »[5].

Mais cette proposition a été infirmée par les fouilles conduites dans les années 1990[6]. Une récente étude, basée sur l'analyse des dépôts calcaires présents sur les roues à aubes, suggère quant à elle que la farine produite par les moulins était utilisée pour produire de grandes quantités de pain à destination des bateaux[7].

Concepteur et réalisateur[modifier | modifier le code]

Maquette des moulins au Musée de l'Arles antique

Les fouilles de son émissaire oriental et celles du bassin amont du vallon des Arcs ont montré que ce complexe a été construit au début du IIe siècle et a fonctionné jusqu'au début du IIIe siècle[8]. Le propriétaire en était probablement celui de la villa romaine proche de la Mérindole. D'après Fernand Benoit, qui pensait que ces moulins dataient de la fin de l'Antiquité, ce complexe aurait été réalisé par l'ingénieur gallo-romain Q. Candidius Benignus qui appartenait au corps des charpentiers d'Arles et dont le sarcophage comportait une inscription suggestive louant les mérites du maître :

« doctior hoc nemo fuit potuit quem vincere nemo organa qui nosset facere aquarum aut ducere cursum »

« il n'en fut pas de plus savant et personne ne le surpassa dans l'art des ouvrages de mécanique et dans la conduite des cours d'eau[9],[10]. »

Caractéristiques et puissance[modifier | modifier le code]

Le débit de l'aqueduc a été estimé entre 240 et 1 000 litres par seconde[11]. Le dénivelé exploité par les moulins serait de 18 mètres[12]. La puissance (P) maximale brute de l'aménagement devait être de l'ordre de 50 kW. En effet, la puissance (P) d'une chute est le produit de son débit par sa hauteur et est donnée selon la formule suivante :

Q est le débit du liquide, ρ la masse volumique de ce dernier, g l'accélération de la pesanteur et h la hauteur de la chute. Ce qui donne pour de l'eau avec un débit de 300 L/s :

À titre de comparaison, le barrage de Vallabrègues près de Beaucaire sur le Rhône a une puissance installée de 210 000 kW, soit 4 000 fois supérieure.

L'installation étant divisée en deux séries de 8 moulins, la puissance brute de chacun devait être de l'ordre de 3 000 watts.

Restitution d'une roue de la meunerie[modifier | modifier le code]

Entre 2017 et 2020, une équipe pluridisciplinaire (comité roue) a été constituée sous l'autorité de Philippe Leveau, pour la restitution d'une des roues de la meunerie. Un film (>Liens externes) résume le parcours de cette restitution.

Situation actuelle[modifier | modifier le code]

Le site a été partiellement classé monument historique en 1937. Aujourd'hui, des vestiges importants de ce complexe, aqueduc et meunerie, sont encore bien visibles. La roue restituée (comité roue : 2020), visible à l'office du tourisme de Fontvieille, permet d'apporter un complément à la visite sur site.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. The greatest known concentration of mechanical power in the ancient world, cf Kevin Greene, “Technological Innovation and Economic Progress in the Ancient World: M.I. Finley Re-Considered”, The Economic History Review, New Series, Vol. 53, No. 1. (Feb., 2000), p. 29-59 (39)
  2. Notice no PA00081120, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Notice no PA00081256, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. La meunerie de Barbegal
  5. Congrès archéologique de France - 1976 - 134e session, Pays d'Arles, page 169.
  6. (Ph. Leveau, Les moulins romains de Barbegal, les ponts-aqueducs du vallon des Arcs et l'histoire naturelle de la vallée des Baux (Bilan de six ans de fouilles programmées), CRAI, janvier mars 1995, p. 115-144).
  7. Gül Sürmelihindi, Philippe Leveau, Christoph Spötl, Vincent Bernard, Cees W. Passchier, The second century CE Roman watermills of Barbegal: Unraveling the enigma of one of the oldest industrial complexes, Science Advances05 septembre 2018.
  8. (Leveau Ph., Walsh K., Bertucchi G., Bruneton, H., Bost J.-P., Tremmel B., Le troisième siècle dans la vallée des Baux : les fouilles de la partie basse et de l’émissaire oriental des moulins de Barbegal, Revue Archéologique de Narbonnaise, 2000, 381-439.
  9. Congrès archéologique de France - 1976 - 134e session, Pays d'Arles, pages 169 et 171 note 7.
  10. Inscription référencée CIL XII, 00722 = CLE 00483 = D 07715 = CAG-13-05, p 614
  11. http://traianvs.net/textos/barbegal.pdf
  12. (en) « Meunerie de Barbegal vue d’en bas (Aqueduc et moulins de Barbegal », sur carto.net (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Amouretti, M.-C., « Barbegal : de l'histoire des fouilles à l'histoire des moulins », Provence Historique, 167-8 (1992), p. 135-49
  • Fernand Benoit, « L'usine de meunerie hydraulique de Barbegal (Arles) », Revue Archéologique, 6e série, t. 15.1,‎ , p. 19-80, compte-rendu par Francis Salet, « L'usine de meunerie hydraulique de Barbegal (Arles). Revue archéologique, 1940 », Bulletin monumental, t. 101, no 1,‎ , p. 130-132 (lire en ligne)
  • Sagui, C.L., « La meunerie de Barbegal (France) et les roues hydrauliques chez les Anciens et au Moyen Âge », Isis, vol. 38, no 314, , p. 225-231
  • Henri-Paul Eydoux, « La meunerie hydraulique de Barbegal », dans Congrès archéologique de France. 134e session. Pays d'Arles. 1976, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 165-171
  • Sellin, R.H.J., « The large Roman water mill at Barbegal (France) », History of Technology, 8, 1983, p. 91-109
  • (en) Bellamy, R.B. & Hitchner, P.-S., « The villas of the Vallee des Baux and the Barbegal Mill : Excavations at la Merindole villa and cemetery », Journal of Roman Archaeology 9 (1996), p. 154-76
  • Les moulins romains de Barbegal, les ponts-aqueducs du vallon des Arcs et l'histoire naturelle de la vallée des Baux (Bilan de six ans de fouilles programmées), CRAI, janvier , p. 115-144.
  • Philippe Leveau, « Les moulins de Barbegal. 1986-2006 », dans Jean-Pierre Brun et Jean-Luc Fiches, Énergie hydraulique et machines élévatrices d'eau dans l'Antiquité, Naples, Publications du Centre Jean Bérard, coll. « Collection du Centre Jean Bérard » (no 27), (ISBN 978-2-903189-94-5, lire en ligne), p. 185-189
  • Philippe Leveau, « The Barbegal water-mill in its environment: Archaeology and the economic and social history of antiquity », Journal of Roman Archaeology 9 (1996), p. 137-53
  • (en) Hodge, A.T., « A Roman factory », Scientific American (November 1990), p. 58-64
  • Hodge, A.T., « L'usine gallo-romaine de Barbegal », Pour la Science (), p. 72-77 (Traduction de la référence précédente)
  • (en) C.W. Passchier et al., « Reconstructing the hydraulics of the world’s first industrial complex, the second century CE Barbegal watermills, France », Scientific Reports, vol. 10,‎ (ISSN 2045-2322, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Gül Sürmelihindi1 et al., « The second century CE Roman watermills of Barbegal: Unraveling the enigma of one of the oldest industrial complexes », Science Advances, vol. 4, no 9,‎ (ISSN 2375-2548, lire en ligne, consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]