Guerre de Bosnie-Herzégovine

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Guerre de Bosnie-Herzégovine
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À gauche : le parlement de Sarajevo en flammes après avoir été touché par un tir d'artillerie ; en haut, à droite : Ratko Mladić avec des soldats serbes en et en bas, à droite : un soldat norvégien de l'ONU à Sarajevo.
Informations générales
Date -
(3 ans, 8 mois et 8 jours)
Lieu Bosnie-Herzégovine
Issue Accords de Dayton
Belligérants
1992 :
Drapeau de la Bosnie-Herzégovine République de Bosnie-Herzégovine
Drapeau de la Croatie Croatie
1992-1994 :
Drapeau de la Bosnie-Herzégovine République de Bosnie-Herzégovine
1994-1995 :
Drapeau de la Bosnie-Herzégovine République de Bosnie-Herzégovine
Drapeau de la Croatie Croatie
Drapeau de l'OTAN OTAN (en 1995)
1992-1994 :
République d'Herceg-Bosna
Drapeau de la Croatie Croatie
1992 :
Drapeau de la République serbe de Bosnie République serbe de Bosnie
République serbe de Krajina République serbe de Krajina
Drapeau de la République fédérative socialiste de Yougoslavie République fédérative socialiste de Yougoslavie
1992-1995 :
Drapeau de la République serbe de Bosnie République serbe de Bosnie
République serbe de Krajina République serbe de Krajina
Drapeau de la République fédérale de Yougoslavie RF Yougoslavie
Province autonome de Bosnie occidentale (à partir de 1993)
Commandants
Alija Izetbegović
Haris Silajdžić
Sefer Halilović
Rasim Delić
Leighton Smith
Franjo Tuđman
Gojko Šušak
Janko Bobetko
Mate Boban
Milivoj Petković
Dario Kordić
Slobodan Milošević
Radovan Karadžić
Ratko Mladić
Milan Babić
Goran Hadžić
Milan Martić
Momčilo Perišić
Vojislav Šešelj
Fikret Abdić
Forces en présence
25chars
100 000 soldats
110 000 réservistes[1]
50chars
200 pièces d'artillerie
60 000 soldats[2]
550 chars
800 pièces d'artillerie
20avions
200 000 soldats[1],[3]
Pertes
30 906 soldats tués
31 107 civils tués
5 919 soldats tués
2 484 civils tués
20 775 soldats tués
4 178 civils tués

pertes totales 101 040[4]

Notes

101 soldats autres tués
470 civils autres tués, et 5 100 autres tués dont l'origine ethnique et le statut ne sont pas précisés

Guerre de Yougoslavie

La guerre de Bosnie-Herzégovine est un conflit armé international qui débute le avec la proclamation d'indépendance de la Bosnie-Herzégovine et s'achève avec les accords de Dayton le . Cette guerre est liée à l'éclatement de la Yougoslavie.

En tant qu'État internationalement reconnu, la république de Bosnie-Herzégovine est composée de trois peuples constitutifs : les Bosniaques, les Serbes de Bosnie et les Croates de Bosnie. La guerre a opposé la république de Bosnie-Herzégovine aux entités autoproclamées serbe et croate de Bosnie, soutenues respectivement par la Serbie et la Croatie, qui cherchaient à diviser la Bosnie. L'Armée de la république de Bosnie-Herzégovine (ARBiH), seule force légale qui défendait la préservation de la Bosnie multiethnique et indivisible, était principalement composée de Bosniaques, ainsi que d'un certain nombre de Croates et de Serbes de Bosnie. Les forces serbes opposées, soutenues par l'armée de Serbie, étaient initialement constituées d'unités de l’Armée populaire yougoslave (JNA) déployées en Bosnie, qui se sont ensuite transformées en Armée de la république serbe de Bosnie (VRS), et étaient accompagnées de groupes paramilitaires de Serbie et de Bosnie. Les forces croates, soutenues par l'armée croate, comprenaient le Conseil de défense croate (HVO) ainsi que des unités paramilitaires.

Dès , le Conseil de sécurité des Nations unies autorise le déploiement des casques bleus en Bosnie-Herzégovine au sein de la Force de protection des Nations unies. En , l'opération Deliberate Force de l'OTAN contre les Serbes de Bosnie permet la fin du conflit.

La guerre a fait près de 100 000 morts — dont la moitié sont des victimes civiles — et deux millions de réfugiés. Le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a prononcé quatre-vingt-dix condamnations pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.

Contexte[modifier | modifier le code]

La guerre en Bosnie a pour cause immédiate la gestion par les pouvoirs politiques en place de la dislocation de la république fédérative socialiste de Yougoslavie, elle-même liée à la chute des régimes communistes en Europe de l'Est en 1989. La renaissance des idées nationalistes en Yougoslavie a fragilisé le rôle central du Parti communiste. Les arrivées au pouvoir de Slobodan Milošević en Serbie en 1986, et de Franjo Tuđman en Croatie en 1990, accentuent la crise[5],[6]. Ils ont vu dans l'éclatement de la Yougoslavie une opportunité d'atteindre les vieux objectifs nationalistes, la Grande Serbie[7] et la Grande Croatie, des États-nations élargis et ethniquement purs. Bien qu'ennemis, ils avaient une chose en commun, ils voulaient partager la Bosnie[8],[5].

Origines historiques[modifier | modifier le code]

Avant sa dislocation, la Yougoslavie se composait de six républiques, dont la Bosnie-Herzégovine. En raison du grand mélange de la population, aucune république n'était mono-ethnique et il y avait partout des Serbes, des Croates et des Bosniaques.

Composition ethnique de la Bosnie-Herzégovine en 1991

Cette multiethnicité était plus prononcée en Bosnie, où selon les statistiques de 1991, la Bosnie-Herzégovine comptait 4,3 millions d’habitants, dont 43,7 % de Bosniaques de religion musulmane, 31,4 % de Serbes orthodoxes, 17,3 % de Croates catholiques, 5,5 % de Yougoslaves (personnes s'identifiant comme tel), et 2,1 % de nationalités diverses[9].

Historiquement, les Balkans ont toujours été un lieu de troubles et de conflits. Ainsi, à partir du XIVe siècle, les États médiévaux de Serbie, de Bosnie et de Croatie ont été occupés par l'Empire ottoman. Au XIXe siècle, la Croatie et la Bosnie font partie de l'Empire Austro-hongrois. Au cours de cette période, les aspirations nationalistes et les prétentions territoriales de la Serbie et de la Croatie voisines envers la Bosnie ont émergé. L'idéologie irrédentiste de la Grande Serbie a été élaborée dans le Nacertanije de Ilija Garašanin 1844[10], qui a ensuite été repris pendant la Seconde Guerre mondiale par Stevan Moljević et la Serbie homogène (le programme du mouvement Tchetniks de Draža Mihailović)[11].

Le à Sarajevo, un jeune nationaliste serbe de Bosnie Gavrilo Princip assassine François-Ferdinand d'Autriche, ce qui provoque la Première Guerre mondiale. Avec la fin de la Première Guerre mondiale, la Bosnie est incluse dans le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, puis dans le royaume de Yougoslavie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, toute la Yougoslavie a été occupée par le Troisième Reich et le gouvernement s'est enfui à l'étranger. Une partie de la Bosnie appartenait à l'État indépendant de Croatie, un État fantoche allié à l'Allemagne nazie.

Carte ethnique de la Yougoslavie en 1991

Chacune de ces périodes historiques a été marquée par des conséquences sur la population de la Bosnie-Herzégovine. Ainsi, sous la domination ottomane, une partie des habitants se convertit à l'islam; sous la domination austro-hongroise, avec la naissance du nationalisme, les chrétiens orthodoxes de Bosnie se sont déclarés Serbes et les catholiques Croates[12]; pendant la seconde guerre mondiale, l'État indépendant de Croatie se livre sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine à des atrocités visant en grande majorité la population serbe et juive, et les Tchetniks, forces nationalistes de la monarchie serbe, ont perpétré des massacres de la population musulmane de l'est de la Bosnie et du Sandžak[13],[14].

En raison de son histoire, la Bosnie conserve un profond morcellement ethnique et religieux qui suscite des clivages[9]. Après la seconde guerre mondiale, le régime dirigé par le Maréchal Tito mène une politique basée sur l'étouffement des rivalités nationales, il n'y a pas eu de conflits interethniques et les peuples de Yougoslavie ont vécu dans la tolérance et la paix. La mort de Tito, 1980, et la chute du communisme libère le nationalisme réprimé et des problèmes surgissent entre les communautés. Mais la cause de la guerre en Bosnie n'est pas le produit de forces inscrites dans l'histoire interne de la Bosnie. L'historien Noel Malcolm ditː« C'est le mythe qui a été soigneusement propagé par ceux qui ont provoqué le conflit, qui voulaient que le monde croie que ce qu'eux et leurs hommes armés faisaient n'était pas le fait d'eux, mais de forces historiques impersonnelles et inévitables échappant à tout contrôle. Et le monde les a crus. »[15]

Montée du nationalisme en Yougoslavie[modifier | modifier le code]

Grande Serbie envisagée par Stevan Moljević

En 1986, des universitaires serbes dirigés par Dobrica Ćosić, ont soulevé « la question nationale serbe ». Un manifeste a été rédigé par l'Académie serbe des sciences et des arts (SANU), connu sous le nom de « Mémorandum SANU », affirmant que les Serbes étaient dans une position tellement injuste en Yougoslavie que leur existence même était menacée. Ils ont subi une discrimination économique et politique de la part des Croates et des Slovènes, et les Serbes du Kosovo ont été confrontés à un génocide total. Le mémorandum précise que la « question serbe » ne sera résolue qu'après l'établissement de la pleine unité nationale et culturelle de la population serbe, où qu'elle habite en Yougoslavie[16], et appelle à une révision unilatérale de la constitution yougoslave et à l'abolition de l'autonomie de Voïvodine et Kosovo[17].

La seule solution pour assurer l'existence et le développement des Serbes, selon le Mémorandum, était l'unité territoriale du peuple serbe, à réaliser en réunissant "tous les Serbes dans un seul État". Mais la mise en œuvre de ce plan stratégique national pour la Serbie ne serait possible que par la force[18]. Le message du Mémorandum était un appel à la domination serbe et à la création d'une Grande Serbie[16],[19]. Les principaux points du Mémorandum ont été judicieusement exploités par Slobodan Milošević, qui a utilisé des méthodes populistes éprouvées pour se présenter comme le seul représentant authentique des intérêts de tous les Serbes sur le territoire de la Yougoslavie.

En réponse au nationalisme en Serbie, le nationalisme croate se développe, ce qui place les Serbes de Croatie dans une position difficile.

Alors que l'objectif des nationalistes serbes était la centralisation de la Yougoslavie sous dominations Serbes, d'autres républiques aspiraient à la fédéralisation et à la décentralisation de l'État. Milošević estime que la réalisation du plan "tous les Serbes dans un seul État" représente la Yougoslavie sous domination serbe, ou la création d'un nouvel État qui engloberait tous les territoires de la Yougoslavie que les Serbes considèrent comme les leurs, à savoir la Grande Serbie[20],[21]. Milošević exige pour les Serbes ce qu'il ne permet pas aux autres nations. Partout où il y a une communauté serbe, elle doit être annexée à la Serbie. Ce plan expansionniste nécessite le nettoyage ethnique et la modification des frontières des républiques, ce qui ne peut pas se faire pacifiquement[22].

Propagande[modifier | modifier le code]

Afin de réaliser ces plans nationalistes, il était nécessaire de diviser le peuple selon l'ethnie, et la propagande jouait ici un rôle important. La frénésie nationale en Serbie initiée par des intellectuels et utilisée par Milošević pour le programme national d'unification serbe a été soutenue par la majorité de l'opposition. Milošević a pris le contrôle des médias, en particulier de la télévision et des journaux, les transformant en instruments de propagande avec lesquels il a préparé la population à la guerre[22]. Des intellectuels, des institutions culturelles et scientifiques et l'Église orthodoxe serbe ont participé à cette manipulation de l'opinion publique, révision de l'histoire et incitation à la haine interethnique, justifiant par avance les crimes qui seront commis dans le cadre des plans politiques nationaux[23],[24]. Des manifestations sont organisées et des discussions sur la menace des Serbes en Yougoslavie et la nécessité de créer un État pour tous les Serbes. Les Croates sont présentés comme des Oustachis qui préparent un génocide contre les Serbes de Croatie, comme pendant la Seconde Guerre mondiale, et les musulmans bosniaques veulent créer un État islamique[23],[25].

Une propagande similaire a été largement utilisée par Franjo Tuđman et les nationalistes croates. Dans cette propagande nationaliste serbe et croate, les musulmans sont présentés comme de dangereux fondamentalistes et les aspirations expansionnistes de la Serbie et de la Croatie comme une légitime protection contre la menace islamique qui pèse sur eux et sur l'Europe[26],[27],[28].

L'historien Noel Malcolm écrit : « Parler d'une menace fondamentaliste en Bosnie était particulièrement inapproprié, car les musulmans de Bosnie faisaient désormais partie des populations musulmanes les plus sécularisées au monde »[29].

Paul Garde confirme:« que ce mythe n’avait pas la plus petite apparence de réalité : la Bosnie connaît un islam particulièrement tolérant, et la constitution du pays prévoyait expressément la participation des trois peuples au gouvernement. Aucune mesure défavorable aux Serbes n’avait été prise dans aucun domaine. »[25].

Révolution anti-bureaucratique[modifier | modifier le code]

Entre 1988 et 1989, Milošević et ses partisans ont organisé dans tout le pays une campagne de rassemblements et de manifestations de masse appelée la révolution anti-bureaucratique. Les manifestations ont renversé les gouvernements de la république socialiste du Monténégro et des provinces de Voïvodine et du Kosovo et les ont remplacés par les alliés de Milošević.

Le , à l'occasion du 600e anniversaire de la Bataille de Kosovo Polje, Milošević, en tant que président nouvellement élu de la Serbie, s'est adressé aux centaines de milliers de personnes présentes à Gazimestan et a laissé entendre son projet de reconquête: « La Serbie fait face à de nouvelles batailles, non armées, bien qu'elles ne soient pas exclues »[30],[31]. D'autres républiques voient un grand danger dans ce discours et on considère qu'il a grandement contribué à l'initiation du processus d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie.

La situation s'aggrave après l'abolition de l'autonomie de la Voïvodine et du Kosovo, qui était une violation de la constitution[32]. Avec le représentant du Monténégro nommé par Milošević, la Serbie dispose désormais de 4 voix sur 8 à la Présidence de la Yougoslavie et peut donc fortement influencer les décisions du gouvernement fédéral. C'était le premier pas vers la dislocation de la Yougoslavie[33],[34].

La décision de Milošević de mettre fin à l'autonomie de la Voïvodine et du Kosovo, et son déploiement de l’armée pour écraser violemment les protestations des Albanais du Kosovo, ont suscité des sentiments sécessionnistes dans d'autres républiques qui voulaient quitter la Yougoslavie avant que Milošević n'impose la domination serbe sur toute la Yougoslavie [35],[34].

Suivant l'exemple de la Serbie, la Slovénie viole la constitution et adopte des amendements qui lui permettent de faire sécession si besoin.

Élections multipartites en 1990[modifier | modifier le code]

Au début des années 1990, la Ligue des communistes de Yougoslavie s'est désintégrée et des élections multipartites ont eu lieu dans les républiques. L'élection multipartite en Bosnie-Herzégovine est remportée par les partis nationalistes des différentes communautés, proportionnellement à leur nombre[36]. Les Musulmans ont voté pour la Parti d'action démocratique (SDA) dirigée par Alija Izetbegović, les Serbes pour le Parti démocratique serbe (SDS) avec le président Radovan Karadžić, et les Croates pour l’Union démocratique croate de Bosnie et Herzégovine (HDZ-BiH) mené par Stjepan Kljuić. Le SDA a remporté 86 des 240 sièges du parlement, le SDS 70 sièges et le HDZ BiH 45 sièges. Alija Izetbegović a été élu président de la Présidence de Bosnie-Herzégovine, et il aurait pu gouverner avec une coalition de Musulmans et de Croates, mais il a formé un gouvernement tripartite. Le Serbe, Momčilo Krajišnik est devenu président du Parlement et le Croate, Jure Pelivan Premier ministre[37].

En Serbie, le Parti socialiste de Serbie (SPS) dirigé par Slobodan Milošević a remporté les élections, et en Slovénie et Croatie, des partis séparatistes nationalistes sont arrivés au pouvoir.

Éclatement de la Yougoslavie[modifier | modifier le code]

Encouragés et poussés par Milošević et son projet de création d'un État commun pour tous les Serbes, les Serbes de Croatie ont déclaré le les Régions autonomes serbes SAO Krajina en Croatie, sur des territoires à majorité serbe. Les Serbes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine ont reçu des armes et des plans ont été élaborés pour prendre le contrôle des forces de police locales et de l'administration municipale [38]. Le gouvernement croate considère cette auto-proclamation illégale et les premiers affrontements armés entre la police du Ministère de l'Intérieur de Croatie et les forces paramilitaires de SAO Krajina ont lieu. Le , la SAO Krajina a proclamé son union avec la Serbie[39].

Début 1991, Slobodan Milošević a « envoyé des émissaires dans les principales capitales européennes et à Washington pour évaluer quelle serait la réaction internationale à une reprise en main musclée de la situation par Belgrade, sous le prétexte de maintenir la fédération yougoslave. Il en déduit à juste titre que Paris et Londres ne s’y opposeront pas, que Washington s’en désintéresse et que Moscou pourrait même s’en réjouir »[40].

En , Milošević laisse entendre son intention de redessiner de force les frontières des républiques, annonce la mobilisation de la milice de réserve en Serbie et la création d'unités d'opérations spéciales pour venir en aide aux Serbes en danger hors de Serbie[22].

Essayant de trouver une issue à la crise, Milošević et le président croate Tuđman se sont rencontrés à plusieurs reprises. Le , à Karađorđevo, ils ont négocié la partition de la Bosnie[5].

La crise a culminé le , lorsque 4 membres du "bloc serbe" de la Présidence de la Yougoslavie ont empêché la nomination du Croate Stipe Mesić comme Président de la Yougoslavie, ce qui était prévu par la loi[12].

Le travail de la Présidence est bloqué, et la JNA reste sans commandant suprême[41], jusqu'à ce que, sous la pression de la communauté internationale, Stipe Mesić soit élu président. Mais la JNA n'a surtout pas écouté ce président et les ordres sont venus du côté serbe.

En , la Slovénie déclare son indépendance, et la Croatie en fait de même. Afin de trouver une solution, la CEE impose un moratoire de 3 mois sur l'indépendance. Le gouvernement fédéral, fortement influencé par la Serbie, envoie la JNA pour défendre l'intégrité territoriale de la Yougoslavie, ce qui a finalement conduit aux guerres yougoslaves. Comme il n'y avait pas beaucoup de Serbes en Slovénie, la JNA dominée par les Serbes a abandonné la Slovénie et l'idée de défendre la Yougoslavie après seulement 10 jours. « Slobodan Milošević avait gagné son pari. Il était parvenu à détourner l’armée de son rôle initial et à la rallier à son projet de Grande Serbie en prétendant qu’il s’agissait d’un nouvel État yougoslave rassemblant tous les peuples qui voulaient continuer à vivre en Yougoslavie. L’armée populaire yougoslave, garante de la Fédération, n’existait plus. Mais Slobodan Milošević allait maintenir son nom pour occulter l’agression qu’il était sur le point de déclencher »[42].

La JNA s'est retirée en Croatie, où, avec le soutien des formations paramilitaires de Serbie et des Serbes de Croatie, elle a occupé et défendu les territoires serbes et les frontières de la future Yougoslavie[43],[44].

« À la veille de la guerre en Croatie, la Serbie de Milošević répétait de façon incessante aux dirigeants occidentaux qu’elle souhaitait défendre l’intégrité territoriale et politique de la Yougoslavie, menacée par les « sécessionnismes croate et slovène ». En aucun cas Milošević n’a signalé aux négociateurs européens ou américains sa volonté de créer une « Grande Serbie », ce qui était pourtant l’objectif véritable des campagnes militaires[45]. »

Le symbole du début de cette guerre de Croatie est certainement la bataille de Vukovar.

Formation des régions autonomes serbes en Bosnie-Herzégovine[modifier | modifier le code]

Régions autonomes serbes (SAO) en Bosnie-Herzégovine (septembre 1991)

Sous les directives de la Serbie et conformément aux plans de création d'un État pour tous les Serbes, les dirigeants des Serbes de Bosnie ont commencé à préparer la création d'un État serbe séparé en Bosnie-Herzégovine, comme cela s'est fait en Croatie. Les États serbes autoproclamés de Croatie et de Bosnie rejoindraient alors la Serbie le moment venu, sous prétexte de vouloir rester en Yougoslavie. De cette façon,« les territoires croates déjà aux mains des Serbes marqueraient la frontière occidentale d'un État "Serbe" qui engloberait 70 à 75 % du territoire bosniaque »[46].

À partir d'octobre 1990, des milices serbes ont été organisées en Bosnie et les Serbes de Bosnie ont été secrètement armés par le ministère de l'Intérieur de Serbie et l’Armée populaire yougoslave (JNA). Environ 51 900 armes à feu ont été délivrées à des unités paramilitaires et 23 298 à des membres du SDS en mars 1991[38]. Ainsi, déjà au milieu de 1991, les Serbes de Bosnie étaient bien armés.

En avril 1991, dans les régions où les Serbes étaient majoritaires, des communautés serbes ont été créées sous couvert d'unification culturelle. Les Bosniaques ont protesté contre cette régionalisation ethnique, mais cela ne les a pas arrêtés[47].

Ces communautés ont changé leur nom en Régions autonomes serbes (SAO) et en septembre ont été déclarées : SAO Bosanska Krajina, SAO Bosnie du Nord-Est, SAO Romanija et SAO Herzégovine[48].Les municipalités qui faisaient partie intégrante de ces régions avaient une population majoritairement serbe, mais il y avait de nombreuses municipalités dans lesquelles la majorité était bosniaque, et elles ont néanmoins été déclarées unilatéralement comme faisant partie intégrante de ces zones. Le , Karadžić a déclaré: « Nous détenons le pouvoir dans trente-sept municipalités et disposons d'une majorité relative dans une dizaine de municipalités… »[49].

Lors du procès de Momčilo Krajišnik, il a été constaté que: « Les 35 municipalités en cause comptaient 1 692 313 habitants, dont 675 657 Musulmans, 742 100 Serbes, 128 275 Croates, 100 911 Yougoslaves et 45 370 personnes d’origine ethnique autre ou inconnue. C’était dans quinze de ces municipalités, les Serbes, et dans 15 autres, les musulmans, qui, sans être majoritaires, formaient le groupe ethnique le plus nombreux, »[50]. Par conséquent, avec ce projet de création d'un État serbe ethniquement pur en Bosnie, près d’un million de non-Serbes devraient être expulsés de ces régions.

Le SDS a publié fin 1991 des "Directives" sur l'organisation des institutions du peuple serbe en Bosnie-Herzégovine, dans les municipalités où les Serbes sont majoritaires (municipalités de "type A") et celles où ils sont minoritaires (communes de "type B"). Ces directives précisent également des mesures spécifiques pour la prise de pouvoir au sein de ces communes[51],[52].

Régions autonomes serbes (SAO) en Bosnie-Herzégovine (novembre 1991)

Dans la région de la Bosnie orientale, près de la rivière Drina, qui forme la frontière avec la Serbie, la plupart des municipalités ont une majorité bosniaque (de "type B"), telles que Zvornik, Vlasenica, Bratunac, Srebrenica, Višegrad, Foča, Rogatica, Trnovo. Dans ces municipalités, des institutions distinctes, parallèles à l'autorité légale de l'État, ont été créées, ou bien des municipalités ont été dissoutes et de nouvelles ont été créées. Il en va de même en Bosnie occidentale, dans des municipalités telles que Prijedor et Doboj.

Immédiatement après, la JNA et les formations paramilitaires de Serbie ont été appelées à défendre le peuple serbe et à prendre le pouvoir sur ces territoires qu'ils considèrent comme les leurs et qu'ils veulent conserver au sein de la nouvelle Yougoslavie[52],[53].

Jusqu'à la fin de 1991, de nouvelles Régions autonomes serbes (SAO) ont été créées[54]. Ainsi, les Serbes de Bosnie ont pris le contrôle de nombreuses municipalités dans une grande partie de la Bosnie.

Ces régions autonomes serbes (SAO) ont formé la base du nouvel État serbe de Bosnie-Herzégovine, qui a ensuite été autoproclamé le sous le nom "république des Serbes de Bosnie-Herzégovine", [55]. Renommée "Republika Srpska" elle a déclaré son indépendance le .

Au concept de Grande Serbie s'ajoutait celui, défendu par Tuđman et les nationalistes croates, de Grande Croatie[56]. Conformément aux accords entre Milošević et Tuđman sur la partition de la Bosnie[6], les Croates de Bosnie ont créé le la communauté croate d'Herceg-Bosna dans les régions où ils sont majoritaires. Rebaptisée en 1993, la république croate d'Herceg-Bosna n'a jamais déclaré son indépendance et a été intégrée à la Fédération croato-bosniaque[48].

Rôle Armée populaire yougoslave (JNA)[modifier | modifier le code]

Les forces armées de la Yougoslavie (RSFY) étaient composées de l’Armée populaire yougoslave(JNA) et de la Défense territoriales(TO). La JNA était une puissante armée multiethnique, constituée de troupes régulières et de réservistes de toute la Yougoslavie. Équipée de toutes les armes d'une armée dans les années 1990, elle était presque totalement autosuffisante en termes de production d'armes dans toute la gamme des équipements militaires. Chacune des six républiques gère et équipe sa TO sur son territoire, et en cas de guerre avec la JNA participe conjointement en utilisant la population locale aux opérations militaires dans la région. Contrairement à la JNA, qui possédait des armes lourdes, la TO n'était équipée que d'armes légères.

La Yougoslavie était un exportateur d'armes et 42 % de l'industrie de l'armement était située en Bosnie. Au cours des années 1990, la plupart de ces usines d'armement ont été démantelées et remontées en Serbie[57].

JNA en Slovénie 1991

La JNA a participé à toutes les guerres yougoslaves. Au début, pendant la guerre de Slovénie, elle a défendu la préservation de l'intégrité de la Yougoslavie (RSFY). En quittant la Slovénie, elle s'est rangée du côté de la Serbie et a joué un rôle crucial dans la réalisation du projet de création d'un État pour tous les Serbes (Grande Serbie)[58]. Sans elle et l'aide de la Serbie, les Serbes de Croatie et de Bosnie n'auraient pas décidé de résoudre les problèmes politiques par la force des armes[59].

La représentation nationale au sein de la JNA, en tant qu'armée fédérale multiethnique, aurait dû être proportionnelle à la composition nationale de la RSFY. Mais déjà depuis 1981, c'était déséquilibré et les Serbes étaient surreprésentés. Plus de 60 % de l'état-major général de la JNA étaient des Serbes, tandis que leur représentation nationale dans l'ex-Yougoslavie était de 36,3 %[60]. Il est évident que la domination serbe est déjà établie dans cette structure étatique extrêmement importante. Au début de 1991, la majorité des cadres supérieurs de la JNA étaient des Serbes et Milošević a secrètement pris des mesures pour éliminer les autres nationalités du quartier général de la JNA. De juin 1991 à mars 1992, le pourcentage de Serbes dans la JNA est passé à environ 90 %. La discrimination et la pression sur les non-Serbes les ont forcés à quitter la JNA parce qu'« ils n’étaient plus considérés comme des éléments fiables d’une armée qui avait cessé d’être yougoslave pour devenir un instrument de la politique nationaliste serbe »[61]. Avec la guerre en Slovénie et en Croatie, la plupart des Slovènes et des Croates ont quitté la JNA et les Bosniaques et les Croates de Bosnie n'ont pas répondu à la mobilisation illégalement déclarée. Ainsi, la JNA une armée fédérale multiethnique est devenue l'armée serbe déployée sur le territoire de la Croatie et de la Bosnie. Le général Veljko Kadijević, chef d’état-major de la JNA, explique dans son livre “Moje viđenje raspada“ que

« l’objectif Armée populaire Yougoslave (JNA) à partir du printemps 1991 est "la protection et la défense du peuple serbe en dehors de la Serbie et le rassemblement de la JNA dans les frontières de la future Yougoslavie"[43],[44]. »

Il était clair qu'avec la déclaration d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, la Yougoslavie n'existait plus, mais Milošević a gardé son nom afin qu'il puisse utiliser l’Armée populaire yougoslave (JNA) sur tout son territoire[42]. Selon la Constitution, la JNA a pour fonction de protéger l'intégrité de la Yougoslavie, et son attaque contre la Croatie et la Bosnie a été interprétée dans cet esprit[45].

« Nous ne pouvons pas accepter que l’armée ne soit plus appelée yougoslave. Car la Serbie et le Monténégro perdraient tous leurs avantages, aussi bien sur le plan politique que militaire. Ils imaginent peut-être que l’on va avouer que l’armée serbo-monténégrine fait la guerre à la Croatie et qu’elle a l’intention de lui infliger une défaite! […] Cette armée serait alors considérée comme une force d’agression. Et c’est pour cette raison que nous ne pouvons pas non plus dire que nous quittons la Yougoslavie »[62], confiait Borisav Jović, représentant serbe à la présidence Yougoslave.

En 1991, Ante Marković a dénoncé un plan caché, appelé le plan RAM[63], élaboré en 1990 par les généraux de la JNA et les dirigeants politiques de Serbie[64],[65],[66]. Le but de ce plan était d'organiser et d'armer les Serbes hors de Serbie, de prendre le contrôle et de défendre les territoires que les Serbes considèrent comme les leurs, et l'établissement des frontières de la nouvelle Yougoslavie dans laquelle « tous les Serbes avec leurs territoires vivraient ensemble dans le même état »[67],[68]. Ce serait la « détermination planifiée des frontières occidentales de la Grande Serbie[69]. »

Après le référendum sur l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, la JNA a pris le commandement de la Défense territoriale de Bosnie-Herzégovine (TO) et des listes de conscrits, de sorte qu'elle a veillé à ce que seuls les Serbes de Bosnie puissent être inclus dans la JNA. Dans les zones à population non serbe, le nombre de réservistes de la TO a diminué, et là où la majorité est une population serbe, ce nombre a augmenté[58]. La JNA a retiré des armes de la TO de Bosnie-Herzégovine et les a transférées dans des entrepôts où les Serbes constituaient la population majoritaire[61]. De cette manière, la Défense territoriale de la Bosnie a été désarmée et une défense territoriale distincte des Serbes de Bosnie a été créée et armée. Dès le début de 1991, les Serbes de Bosnie ont été massivement et secrètement armés par la JNA et le MUP de Serbie, de sorte qu'à la mi-1991, ils étaient déjà bien armés[9]. En conséquence, les Croates de Bosnie et les Bosniaques ont également commencé à s'armer et à s'organiser, mais avec peu d'opportunités et avec un certain retard. De cette façon, un déséquilibre dans les armements a été établi. Les Serbes avaient une supériorité écrasante en matière d'armes, les Croates ont commencé à s'armer depuis la Croatie et les Bosniaques n'avaient presque pas d'armes.

En essayant d'arrêter la guerre de Croatie et sa propagation en Bosnie, le , l'ONU a imposé un embargo sur l'importation d'armes sur le territoire de la Yougoslavie, par lequel le déséquilibre de l'armement a été gelé[70]. Avec la reconnaissance internationale de la république de Bosnie-Herzégovine et le début de la guerre de Bosnie, ce pays, membre de l'ONU, a été empêché par l'embargo de se défendre légitimement contre l'agression[71],[72]. Le gouvernement de Bosnie-Herzégovine a demandé à l'ONU de lever l'embargo sur les armes, afin qu'elle puisse s'armer et se défendre, mais cela n'a pas été autorisé[73]. L'explication était qu'il ne faut pas « ajouter la guerre à la guerre »[74],[75]. Comme la Bosnie n'était pas préparée à la guerre et n'avait presque pas d'armes pour se défendre, la JNA et les formations paramilitaires de Serbie, ainsi que les Serbes locaux bien armés, ont occupé la majeure partie du territoire de la Bosnie dès le début de la guerre en 1992[76].

L'Armée de la république de Bosnie-Herzégovine (ABiH) nouvellement créée était la seule armée légale en Bosnie-Herzégovine. Initialement multiethnique et très mal armée, elle a été la plus touchée par cet embargo. Avec le désir de partager la Bosnie entre la Serbie et la Croatie, les nationalistes ont divisé le peuple selon l'ethnie, de sorte que l'armée de Bosnie-Herzégovine s'est retrouvée avec de moins en moins de Serbes et de Croates dans sa composition. Ainsi, la Bosnie indivisible et multiethnique n'était principalement défendue que par des Bosniaques. La JNA stationnée en Bosnie se transforme en Armée de la république serbe de Bosnie (VRS), et les Croates de Bosnie forment le Conseil de défense croate (HVO).

L'embargo sur les armes n'a pas été respecté, et les Serbes de Bosnie ne l'ont même pas ressenti. Avec le retour de la JNA et de son équipement de Slovénie puis de Croatie, les Serbes de Bosnie ont reçu d'énormes quantités d'armes. Ils ont gardé presque toutes les armes de la JNA et de la TO déjà stationnées en Bosnie, et à travers la frontière avec la Serbie, que personne ne surveillait[77], les armes arrivent constamment de Serbie et la Russie avant et pendant la guerre en Bosnie. Après la division de la JNA en Armée de Yougoslavie (VJ) et Armée de la Republika Srpska (VRS), l'approvisionnement continu de l'Armée de la Republika Srpska (VRS) par l'Armée yougoslave (VJ) s'est poursuivi tout au long de la guerre, et en violation de l'embargo des millions de balles et des centaines de milliers d'obus, de grenades et de roquettes ont traversé la frontière internationale entre la Bosnie et la Serbie. « Sur toute l’année 1994, l’état-major principal de la VRS a estimé que la VJ lui avait fourni environ 25 878 862 munitions pour armes d’infanterie et 7 569 obus, entre autres[78]. » Le contournement de l'embargo a ensuite été suivi par les Croates de Bosnie qui se sont armés via la Croatie depuis les pays catholiques, et les Bosniaques des pays islamiques via la Croatie également. Ne voulant pas envoyer de troupes en Bosnie, les Etats-Unis poussent à la levée de l'embargo sur les armes à destination de la Bosnie pour qu'elle puisse se défendre. Ainsi, ils ont autorisé de manière informelle la fourniture illégale d'armes à la Bosnie, comme ils l'ont fait lors du conflit afghan contre les Russes[79]. Cette violation de l'embargo ne change pas radicalement le déséquilibre des armes, notamment des armes lourdes, dont la partie serbe dispose en abondance. L'ambassadeur de France en Bosnie, M. Henry Jacolin, a observé que « la supériorité des Serbes tenait à l'importance de leur artillerie. L'artillerie dont disposait l'armée yougoslave - l'armée confisquée par Milosevic - comportait 11 000 pièces, autant que ce que possédaient à l'époque les armées française, anglaise, et allemande réunies »[80].

Opérations de l'Armée populaire yougoslave (JNA) en 1991

L'armement de l'armée de Bosnie par contournement de l'embargo était trop tardif et trop faible, il n'a donc pas permis la restitution des territoires occupés par les Serbes en 1992, et il l'est resté ainsi jusqu'à la fin de la guerre.

En 1991, pendant la guerre de Croatie, la JNA a utilisé la Bosnie comme base pour des opérations en Croatie et, malgré l'opposition des dirigeants bosniens, a déclaré une mobilisation illégale à laquelle seuls les Serbes de Bosnie ont répondu. L'afflux d'armes et d'unités paramilitaires de Serbie et du Monténégro a transformé la Bosnie en une caserne militaire, bien que la Bosnie n'ait déclaré la guerre à personne et se soit déclarée neutre vis-à-vis de la guerre en Croatie. Paul Garde raconte: « Outre l’armée régulière, les groupes paramilitaires serbes, tchetniks et autres, passent nécessairement par la Bosnie. Eux aussi, comme les Croates, utilisent des armes achetées à Beyrouth: celles-ci débarquent au port de Bar, au Monténégro, et transitent par la Bosnie. Ces troupes, régulières ou non, et ces camions chargés de matériel, qui circulent dans tous les sens, se moquent comme d’une guigne de la souveraineté bosniaque. Les lois de la république sont allègrement enfreintes: la Bosnie est neutre, mais elle est occupée »[81].

Le , la présidence de la Yougoslavie tronquée (composée de 4 membres sur 8), qui est illégitime, réorganise la JNA dont l'objectif est de renforcer sa position en Bosnie-Herzégovine.

« Au début de 1992, près de 100 000 soldats de la JNA se trouvaient sur le sol de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que plus de 700 chars, 1 000 véhicules blindés de transport de troupes, de nombreuses armes lourdes, 100 avions et 500 hélicoptères, qui dépendaient tous de l’état-major suprême de la JNA à Belgrade[61]. »

La JNA, répartie sur tout le territoire de la Bosnie, ne prête pas attention à l'opposition du gouvernement bosnien, occupe des positions stratégiques, des routes importantes et prépare le siège des villes. Déjà à la fin de 1991, la JNA a déployé des armes lourdes en préparation du siège de Sarajevo, qui plus tard, le , a commencé à bombarder [82]. Dans les Régions autonomes serbes (SAO) précédemment créées, la JNA apporte des armes lourdes pour la "protection des Serbes de Bosnie et de leurs territoires" et, avec le MUP des Serbes de Bosnie, organise militairement la population dans ces zones. Ainsi, même avant le début de la guerre, le gouvernement de Bosnie n'avait pas contrôle sur ces parties de son territoire[83].

En raison d'une mobilisation infructueuse et de désertions massives, la JNA a commencé à ressentir le manque d'effectifs et a été contrainte à engager des volontaires et des paramilitaires serbes recrutés en Serbie et Monténégro de qualité morale douteuse, qui ont commis les crimes les plus graves au nom du peuple serbe[84]. Des unités spéciales du MUP de Serbie et des formations paramilitaires armées par la JNA, organisées et déployées sur le territoire de la Bosnie, menacent et attaquent la population non serbe, et les Serbes de retour de la guerre en Croatie se vengent sur la population civile locale. Les dirigeants serbes locaux organisent quotidiennement une propagande contre les Musulmans et les Croates incitant à la haine. De nombreux relais de télévision et de radio ont été détruits par la JNA, ou occupés par des paramilitaires, et seuls les programmes serbes de Belgrade ont été diffusés dans une grande partie de la Bosnie[12]. La JNA en route pour attaquer le Dubrovnik pendant la guerre de Croatie en octobre 1991 a détruit le village de Ravno, qui est souvent considéré comme le premier acte de guerre en Bosnie.

Le la "république des Serbes de Bosnie-Herzégovine" s'est autoproclamée sur le territoire des régions autonomes serbes (SAO) précédemment constituées. Ainsi, le référendum sur l'indépendance de la Bosnie du n'a pas intéressé les Serbes de Bosnie, car ils avaient déjà préparé et proclamé leur État serbe, et il n'a servi que de motif au déclenchement de la guerre. Ainsi, après la déclaration d'indépendance de la Bosnie, les opérations militaires ont commencé comme la phase finale de la mise en œuvre du projet serbe, qui avait été préparé six mois plus tôt. Le territoire de cette « république serbe de Bosnie » autoproclamée n'est pas homogène et contient des poches de municipalités à majorité non serbe, qui doivent être occupées et nettoyées ethniquement. La JNA et les unités paramilitaires sont utilisées pour cela, et la méthode était presque toujours la même. La JNA encercle et occupe toutes les approches de la ville. Les paramilitaires provoquent un conflit, et la JNA vient séparer et désarmer les parties. La JNA part et laisse la population non armée à la merci des formations paramilitaires serbes armées qui arrivent[85]. Si la ville résiste, la JNA la bombarde avec de l'artillerie et entre avec des chars, donc les défenseurs avec des armes légères rares n'ont aucune chance. Ainsi, « durant les premiers mois de 1992, après les attaques de 1991 contre la région de Mostar, en Bosnie-Herzégovine, la JNA lança plusieurs assauts contre d’autres zones de Bosnie-Herzégovine. Tout au long d’avril 1992, ces attaques permirent la prise de plusieurs villes et localités »[61].

Le , la ville de Bijeljina, dans le nord-est de la Bosnie, est occupée par les unités paramilitaires serbes d'Arkan qui sont entrées depuis la Serbie[86], tandis que la JNA maintient la ville encerclée. Après cette ville stratégiquement importante à la frontière avec la Serbie, la route a été ouverte pour le mouvement du personnel militaire, des armes et des marchandises de la Serbie vers le Nord et l'Est de la Bosnie. Cela a été suivi par l'occupation simultanée et déjà préparée de nombreuses villes bosniens[87],[88],[89]. Le tout occupé par la JNA et des formations paramilitaires en avril 1992[83],[36].

Les offensives avaient été menées par la JNA, et sa supériorité en armement lourd a été le facteur dominant dans l'occupation des territoires planifiés[90],[91].

La JNA était soutenue par des unités spéciales de Serbie, telles que la Garde des volontaires serbes d’Arkan, les "Bérets rouges", des formations paramilitaires des Chetniks de Šešelj de Serbie et des unités paramilitaires locales. Ces unités ont perpétré des massacres, de nombreuses atrocités, des viols à grande échelle, des pillages et des déplacements forcés. Les villes non armées ne pouvaient pas être défendues par les unités paramilitaires bosniaques mal armées de la "Ligue patriotique" et étaient souvent occupées sans aucun combat[92]. Ce n'est que le que l'Armée de la république de Bosnie-Herzégovine (ARBiH) a été formée et elle n'avait qu'un seul char[88]. Ces villes conquises sont remises aux politiciens serbes locaux pour achever le nettoyage ethnique et continuer à les gouverner avec le MUP et la défense territoriale organisée[93]. Ainsi, dans les premiers mois de la guerre, 70 % de la Bosnie était déjà occupée, et cela le resta jusqu'à la fin de 1994[94],[95].

Avec la reconnaissance internationale de la république de Bosnie-Herzégovine en tant qu'État indépendant, les Nations unies, dans la résolution RES 752, ont exigé que toutes les formes d'ingérence extérieure en Bosnie-Herzégovine cessent et que l’Armée populaire yougoslave (JNA), l'armée croate (HV) et toutes les formations paramilitaires quittent la Bosnie ou soient soumises à l'autorité de la Bosnie-Herzégovine, ou désarmées[96].

Milošević s'y était déjà préparé à l'avance. Ainsi, le , il annonce que la JNA se retire de Bosnie et que seuls les Serbes nés en Bosnie y restent. Sur les 100 000 soldats de la JNA en Bosnie, 10 à 20 % ont été retirés en Serbie, où l’Armée de Yougoslavie (VJ) a été formée. De cette façon, 80% de la JNA est restée en Bosnie avec toutes les armes, à partir desquelles l’Armée de la république serbe de Bosnie (VRS) a été formée[76],[97].

« Cependant, la plupart, sinon tous les officiers à la tête des unités de l’ancienne JNA qui se trouvèrent stationnés avec leur unité en Bosnie-Herzégovine le 18 mai 1992 - presque exclusivement des Serbes -, gardèrent le commandement de leur unité en 1992 et 1993 et ne retournèrent pas en Serbie; et ce, qu’ils soient ou non originaires de la Bosnie. Cela vaut aussi pour la majeure partie des autres officiers et sous-officiers. […] Des avions et des pilotes de la VJ notamment restèrent en Bosnie-Herzégovine après le retrait du mois de mai et travaillèrent avec la VRS tout au long de 1992 et 1993 »[61].

La JNA n'a changé que son nom en VRS, et tout le reste est le même : état-major, armes et équipements, objectifs, idéologie et direction de Belgrade.

Il a été établi que « des éléments de la RFY/VJ ont continué, après le 19 mai 1992, d’intervenir directement dans le conflit en Bosnie-Herzégovine, combattant aux cotes de la VRS et lui apportant un support crucial lors des combats »[98],[99].

La division fictive de la JNA en VRS et VJ a servi à légaliser la présence de la JNA sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine, dissimulant autant que possible l'implication de la Serbie[97]. Mais cette manipulation n'a pas trompé la communauté internationale.Par la résolution 752 du , l'ONU a exigé la fin de l'ingérence de la Serbie et de la Croatie en Bosnie, le respect de l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine et le départ de la JNA et de l’armée croate du territoire de la Bosnie[96].Dans la résolution RES 757 du l'ONU « Condamne les autorités de la République fédérative de Yougoslavie (Serbie et Monténégro), y compris l'armée populaire yougoslave, pour ne pas avoir pris de mesures efficaces en vue de satisfaire aux exigences de la résolution 752 (1992) »[100] , et leur impose un embargo économique. Le , la résolution RES 46/242 déclarait que des parties de la JNA étaient toujours présentes en Bosnie[101]. La résolution A/RES/47/121 du condamne à nouveau la violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la république de Bosnie-Herzégovine et, conformément aux résolutions précédentes, exige que des éléments de la JNA et de l'armée croate (HV) se retirent de Bosnie[102]. Toutes ces résolutions, ainsi que la plupart de celles adoptées, n'ont pas été respectées. L'agression contre la Bosnie s'est poursuivie, des formations paramilitaires et des armements sont venus de Serbie et des éléments de la JNA ne se sont pas retirés de Bosnie même en 1994.

Le général Veljko Kadijević l'explique :

« les unités et quartiers généraux de la JNA formèrent l’ossature de l’armée de la République serbe (Republika Srpska), y compris les armements et les équipements” et que “d’abord la JNA, puis l’armée de la Republika Srpska, que la JNA avait mise sur pied, aidèrent à libérer le territoire serbe, défendre la nation serbe et créer des conditions militaires favorables à la protection par des moyens politiques des intérêts et des droits de la nation serbe en Bosnie-Herzégovine…[61]. »

En octobre 1993, 3 612 officiers de la VJ ont servi dans la VRS et l’Armée serbes de Croatie[103].

Ainsi, tout au long de la guerre, la JNA serbe, qui s'est transformée en VRS en Bosnie, et des renforts d'officiers de la VJ avec des armes et des paramilitaires de Serbie, ont participé à des opérations militaires et ont influencé de manière décisive l'issue de la guerre en Bosnie.

Crise politique finale et déclenchement de la guerre de Bosnie[modifier | modifier le code]

À la suite de la déclaration d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, l'Armée populaire yougoslave (JNA) est intervenue, essayant de maintenir la Yougoslavie unie par la force. La Communauté européenne tente d'apaiser les conflits armés qui éclatent, et le , l'Accord de Brioni est signé. Cet accord a prévu la fin des hostilités en Slovénie, le respect de l'intégrité territoriale de chaque république yougoslave et le gel pour trois mois du processus d'indépendance engagé par la Slovénie et la Croatie[104]. Cependant, les affrontements avec la JNA ont continué en Croatie.

La Guerre de Croatie a accru les tensions en Bosnie et a compliqué le fonctionnement du gouvernement tripartite. Les Serbes et les Croates de Bosnie ont soutenu leurs compatriotes en Croatie. Les Musulmans et les Croates de Bosnie ont considéré l'JNA comme une force d'agression contre la Croatie et ont refusé la mobilisation, ce qui a davantage transformé la JNA en une armée serbe, déployée dans toute la Bosnie.

Les trois groupes ethniques constitutifs au pouvoir en Bosnie ont des points de vue et des propositions différents sur la crise yougoslave et l'avenir de la Bosnie. Alors que les Serbes de Bosnie voulaient préserver la Bosnie-Herzégovine dans la nouvelle Yougoslavie, sous la domination serbe, les Croates de Bosnie étaient généralement contre tout type de Yougoslavie, tandis que les Musulmans (Bosniaques) prônaient une Yougoslavie dans laquelle la Bosnie-Herzégovine aurait le même statut que les autres républiques.

Favorable à la survie de la Yougoslavie, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine ont proposé une Yougoslavie confédérée[105], qui a été « catégoriquement rejetée par Slobodan Milosevic car elle mettait fin à ses rêves de découpage de la Bosnie-Herzégovine »[106].

Le , la Macédoine a ensuite organisé un référendum sur l'indépendance et une large majorité a voté en faveur de l'indépendance.

Après un moratoire de trois mois sur la déclaration d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, imposé par la CEE, les délégués de ces deux républiques ont quitté la présidence de la Yougoslavie[107]. Les délégués de Bosnie et de Macédoine n'ont pas accepté de participer à la prise de décision dans une Présidence tronquée et sont partis jusqu'à ce que la situation soit résolue. La présidence de la Yougoslavie prendra désormais ses décisions sur la base des votes de seulement quatre membres serbes, ce qui est illégal et contraire à la constitution de la Yougoslavie[108],[109]. Cela a marqué la fin de la Yougoslavie (RFSY).

Avec la séparation de la Slovénie et de la Croatie, ainsi que la déclaration d'indépendance de la Macédoine, la Yougoslavie a cessé d'exister. Cependant, la Serbie a gardé son nom et s'est approprié son patrimoine et l'Armée populaire yougoslave.

Les Serbes de Bosnie, sous l'influence et les plans de Milošević, se sont considérés en danger en tant que minorité et ont exigé de rester dans cette nouvelle Yougoslavie réduite au Monténégro et à la Serbie. Ils ont cherché à diviser la Bosnie, à proclamer l'État serbe de Bosnie et à l'annexer à la Serbie conformément au plan d'une grande Serbie.

Les Musulmans de Bosnie étaient en faveur de la survie de la Yougoslavie, mais ne voulaient pas rester dans la nouvelle « Yougoslavie tronquée », sous la domination serbe. Ils ont préconisé une Bosnie-Herzégovine indépendante et multiethnique.

L'attitude des Croates de Bosnie était ambiguë : il y avait deux courants ; l'un qui représentait une Bosnie indivisible, et l'autre, le parti nationaliste de Tuđman, qui voulait créer un territoire croate ethniquement pur comme les Serbes de Bosnie et l'annexer à la Grande Croatie.

En Bosnie, les droits des Serbes et des Croates de Bosnie n'ont jamais été menacés et, en tant que peuples constitutifs, ils ont formé un gouvernement conjoint avec les Musulmans. Les Musulmans de Bosnie, ainsi que de nombreux Croates et Serbes de Bosnie, ont plaidé pour une Bosnie multiethnique et unie. C'est pourquoi l'un des premiers objectifs stratégiques des plans de Milošević et Karadžić était la séparation des peuples de Bosnie[110],[111].

Espérant que la Yougoslavie serait encore préservée, la Bosnie a attendu trop longtemps pour se prononcer sur l'indépendance, tandis que les nationalistes Serbes de Bosnie se préparaient avec l'aide de la Serbie et de la JNA à réaliser par les armes le projet d'une grande Serbie.

De nombreux arguments ont confirmé la disparition de la Yougoslavie et la volonté de la Serbie de réaliser un État pour tous les Serbes par des moyens armés sur les ruines de la Yougoslavie : la renaissance du nationalisme et le programme de la SANU d'unification des Serbes en un seul État ; la suppression de l'autonomie du Kosovo et de la Voïvodine et la répression des droits de l'homme des minorités en Serbie au Kosovo et au Sandžak ; l'attaque de la JNA contre la Slovénie et la Croatie, qui ont déclaré leur indépendance ; la formation de régions autonomes serbes (SAO) en Bosnie, comme base pour la création d'un futur État serbe en Bosnie ; la prise de contrôle de la présidence de la présidence de la Yougoslavie par Milošević et la transformation de la JNA en armée serbe ; la découverte du plan RAM sur la création de la Grande Serbie, et les négociations sur la partition de la Bosnie entre la Serbie et la Croatie ; et enfin, le déploiement de la JNA en Bosnie, la confiscation des armes de la défense territoriale de la Bosnie et l'armement des Serbes de Bosnie.

Les Musulmans de Bosnie (Bosniaques) étaient disposés à partager le pouvoir avec les Serbes et les Croates de Bosnie, mais ils ne veulent appartenir ni à la Grande Serbie ni à la Grande Croatie, mais plutôt d'une Bosnie-Herzégovine souveraine et unie, où tous les groupes ethniques seraient égaux et bénéficieraient des mêmes droits et opportunités. Malheureusement, cette vision a été contrecarrée par les intérêts nationalistes des dirigeants politiques serbes de Bosnie, qui ont opté pour la création d'un État serbe en Bosnie et qui ont initié un conflit armé en 1992, conduisant à une guerre dévastatrice de trois ans.

Lors de la session du Parlement de Bosnie-Herzégovine le , la solution pour la future communauté yougoslave a été discutée. Les représentants serbes (SDS) ont défendu la position selon laquelle les futures structures yougoslaves seraient composées de ceux qui veulent rester dans cette nouvelle Yougoslavie. Les députés bosniaques (SDA) et bosno-croates (HDZ-BiH) ont rejeté une solution pour une future union yougoslave qui n'inclurait pas à la fois la Croatie et la Serbie, et ont proposé une déclaration sur la souveraineté d'une Bosnie indivisible avec trois peuples constitutifs égaux. La réponse de Radovan Karadžić était:« La voie que vous avez choisie est la même autoroute qui a mené la Croatie en enfer, à ceci près que cet enfer de la guerre serait plus grave encore en Bosnie-Herzégovine et que la nation musulmane pourrait y disparaître[12]. »Les délégués du SDS ont alors quitté le parlement et la proposition a été adoptée en leur absence.

Entre-temps, de nombreuses négociations infructueuses ont été menées pour tenter de trouver une solution pacifique à la crise en Yougoslavie. Le 18 octobre, Lord Peter Carrington a présenté un plan qui excluait la modification des frontières des républiques et proposait une "libre association de souveraines et indépendantes républiques" dans une nouvelle fédération. Afin de protéger les droits des minorités, certaines régions auraient un "statut spécial". Ainsi, les Serbes de Croatie se verraient accorder une autonomie importante, tout comme le Kosovo, la Voïvodine et le Sandžak en Serbie. De toutes les républiques, seule la Serbie de Milošević s'est opposée à ce plan. En raison de l'opposition au plan de paix proposé par la CEE, la Communauté européenne a imposé le des sanctions économiques contre la Yougoslavie et a demandé aux Nations unies de déclarer un embargo mondial sur le pétrole[9]. Les mesures visaient principalement la Serbie, considérée par la CE comme un agresseur dans sa guerre contre la république yougoslave séparatiste de Croatie[112],[113].

Le , la Communauté économique européenne (CEE) a créé la Commission d'arbitrage, également connue sous le nom de Commission Badinter, afin de fournir des conseils sur les questions juridiques résultant de la fragmentation de la Yougoslavie et d'examiner les demandes d'indépendance des républiques yougoslaves. Le , la commission a conclu que "la république fédérative socialiste de Yougoslavie était en voie de désintégration" et le , elle a recommandé à la Communauté européenne de reconnaître la Slovénie et la Macédoine en tant qu'États indépendants. La Croatie devait inclure la protection des minorités dans sa Constitution, tandis que la Bosnie devait organiser un référendum sur l'indépendance. La commission a également conclu que les frontières des républiques ne pouvaient être modifiées que par un accord librement conclu.

Malgré de nombreuses négociations et tentatives pour trouver une solution politique au problème yougoslave, certains pensent que la reconnaissance de la Slovénie et de la Croatie, poussée par l'Allemagne, sera prématurée. Ainsi, le secrétaire général des Nations Unies Javier Perez de Cuellar estime qu'une telle initiative « pourrait mettre le feu aux poudres »[114].

Cependant, ce retard dans la reconnaissance de l'indépendance des républiques a permis à Milošević de mieux organiser et armer les Serbes de Bosnie et de déployer la JNA en Bosnie, qui n'est pas reconnue comme un État indépendant et appartient toujours à la Yougoslavie. « Fin 1991, plus de 80 % des préparatifs de la guerre que Slobodan Milosevic s’apprêtait à lancer contre la Bosnie-Herzégovine étaient achevés. Les reconnaissances des républiques yougoslaves, souvent qualifiées de prématurées, s’avéraient finalement trop tardives pour prévenir une autre effusion de sang. Les hésitations de la communauté internationale avaient encouragé la poursuite de la guerre »[115].

Le , avant même le référendum sur l'indépendance de la Bosnie, les Serbes de Bosnie ont autoproclamé la république serbe de Bosnie dans les régions autonomes serbes (SAO) déjà établies en Bosnie où la JNA était déployée. Son anniversaire est encore célébré aujourd'hui de manière anticonstitutionnelle[116],[117].

Sur les recommandations de la Commission Badinter, le , la CE a reconnu la Slovénie et la Croatie comme des États indépendants.

Les 29 février et 1er mars 1992, des référendums sur l'indépendance sont organisés en Bosnie-Herzégovine et au Monténégro. Lors du référendum en Bosnie, environ 63% des électeurs - majoritairement Musulmans (Bosniaques) et des Croates de Bosnie - ont voté en faveur d'une Bosnie indépendante, tandis que les Serbes de Bosnie l'ont boycotté. Au Monténégro, le référendum sur l’indépendance du Monténégro s'est tenu avec un taux de participation de 66 %. Malgré le boycott des minorités albanaise et musulmane, ainsi que de certains partisans de l'indépendance, il a été voté le maintien du pays dans la Yougoslavie tronquée.

La Serbie n'a pas organisé de référendum similaire et aucune des quatre républiques yougoslaves restantes n'a jamais exprimé son intention de rejoindre cette Yougoslavie. Ainsi, la Serbie et Monténégro ont convenu de former un nouvel État appelé la république fédérale de Yougoslavie, qui revendiquait la continuité de la république fédérative socialiste de Yougoslavie, se présentant comme son successeur. Cependant, la communauté internationale ne l'a pas permis, déclarant que l'héritage de la Yougoslavie devait être partagé par toutes les anciennes républiques et que ce nouvel État de Yougoslavie devait demander son admission dans les institutions internationales.

Le l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine a été déclarée sur la base des résultats du référendum.

Au lendemain du référendum, des barricades ont été érigées dans les rues de Sarajevo par les forces paramilitaires serbes et des coups de feu ont été échangés[71].

La Communauté européenne reconnaît la Bosnie en tant qu'État indépendant, le . Cette reconnaissance est suivie de celle des États-Unis. La Bosnie adhèrera le à l'Organisation des Nations unies, avec la Croatie et la Slovénie.

Le 6 avril, la république serbe de Bosnie, l'entité des Serbes dirigée par Radovan Karadžić, déclare à son tour son indépendance, que la CEE refuse de reconnaître[118]. Le conflit éclate officiellement[118].

La république serbe de Bosnie ne sera jamais reconnue en tant que telle par la communauté internationale. Si, à la suite des accords de Dayton, il existe dans les faits une république serbe de Bosnie, aucune personnalité morale de droit international n'a été reconnue à cette dernière.

Tentatives de paix[modifier | modifier le code]

Plan de paix Carrington-Cutileiro

Quatre plans de paix ont été proposés avant et pendant la guerre de Bosnie par des diplomates de la Communauté européenne (CE) et l’Organisation des Nations unies(ONU) avant que le conflit ne soit réglé par les accords de Dayton en 1995. Dans tous les plans de paix, la Bosnie est proposée comme un État souverain dans son intégrité territoriale, mais ethniquement divisé. Cette ignorance de la multiethnicité avant même le début de la guerre a été bien accueillie par la Serbie et la Croatie, qui poussent les extrémistes serbes et croates de Bosnie à occuper par la force le plus de territoire possible, à le nettoyer ethniquement et à créer leurs propres États sur le territoire de la Bosnie.

Le plan Carrington-Cutileiro, également appelé accord de Lisbonne, est le résultat de la conférence de paix de la CE tenue en février 1992 dans le but d'empêcher la Bosnie-Herzégovine de sombrer dans la guerre. Il proposait un partage ethnique du pouvoir à tous les niveaux administratifs et la dévolution du gouvernement central aux communautés ethniques locales. Tous les districts de Bosnie-Herzégovine seraient classés comme bosniaques, serbes ou croates dans le cadre du plan, même lorsqu'aucune majorité ethnique n'était manifeste. Cette proposition de division ethnique convenait aux Serbes et aux Croates car ils la prônaient également, contrairement à la proposition bosniaque de survie de la communauté multiethnique telle qu'elle était jusqu'à présent. Entre-temps, le , la Bosnie-Herzégovine déclare son indépendance après un référendum organisé quelques jours plus tôt, les 29 février et 1er mars. Le , le parlement autoproclamé des Serbes de Bosnie rejette le plan de paix initial qui ne leur attribuait que les municipalités dans lesquelles ils étaient majoritaires, présentant sa carte qui revendiquait près des deux tiers du territoire de la Bosnie[119]. Cutilero a rejeté ce plan et a présenté une deuxième proposition révisée. « Le diplomate portugais a suggéré que l'acceptation du projet par les musulmans était une condition préalable à la reconnaissance par la CE de l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine[120]. » Ainsi, sous la pression des négociateurs de la Communauté européenne, le Président de la Bosnie Alija Izetbegović a été contraint d'accepter la proposition de cet accord afin de ne pas entraver la reconnaissance internationale de la Bosnie, qui était en cours. Les trois parties ont signé l'accord le , cependant, après consultation des dirigeants bosniaques, Izetbegovic a retiré sa signature et s'est déclaré contre toute division ethnique de la Bosnie. Le , la Communauté européenne et les États-Unis ont reconnu la Bosnie-Herzégovine en tant qu'État indépendant et, le , elle est devenue membre des Nations Unies.

Plan de paix Vance-Owen

Le plan de David Owen et de Cyrus Vance connu sous le nom plan de paix Vance-Owen propose en une partition de la Bosnie-Herzégovine en 10 régions semi-autonomes (« cantons »)[121]. Utilisant le terme « parties belligérantes », ce plan place l'autorité légale de l'État de Bosnie-Herzégovine au même niveau que les insurgés bosno-serbes et croates. Le gouvernement de ce pays internationalement reconnu était traité comme s'il ne représentait que des musulmans, bien qu'à l'époque il y ait des Serbes et des Croates de Bosnie parmi ses membres[122]. Avec ce plan, les « cantons » de Bosnie orientale à majorité musulmane appartiennent aux Bosniaques, ce qui obligera les Serbes à abandonner leurs conquêtes en Bosnie orientale, et empêchera la réalisation d'une grande Serbie. Le , l'assemblée autoproclamée des Serbes de Bosnie a rejeté le plan[123].

Plan de paix Owen-Stoltenberg

« Encouragés par une communauté internationale prête à renier ses propres principes pour ne pas avoir à recourir à la force, Slobodan Milosevic et Franjo Tudjman appelèrent, le 16 juin 1993 à Genève, au partage de la Bosnie-Herzégovine en trois entités autonomes en vue de créer une union de trois républiques »[124]. De cette façon, Milošević et Tuđman créeront un État islamique pour les musulmans bosniaques, même si tout au long du conflit, ils ont affirmé que c'est ce que veulent les Musulmans et ont justifié l'agression contre la Bosnie comme une lutte contre la création d'un État islamique en Europe. Alors que paradoxalement, ce sont les Bosniaques qui se battent pour une Bosnie multiethnique[125].

Sur cette proposition de partage de la Bosnie, le , Owen-Stoltenberg ont présentes un nouveau plan de paix. Le plan propose de diviser la Bosnie en trois républiques ethniques. Bien que l’ONU ait confirmé « le principe de l'inadmissibilité de l'acquisition de territoire par la force[102] », Owen et Stoltenberg ont annoncé que dans la détermination des trois républiques, ils incluaient également les territoires conquis par les Serbes et les Croates, qui avaient une population majoritairement Musulmane. Ce plan remet en cause la survie de la Bosnie-Herzégovine, car il « prévoyait l’accession à l’indépendance des républiques constitutives […] et, permet à ceux qui veulent quitter l’union de le faire »[124].« L’idée du partage de la Bosnie—Herzégovine ainsi validée, les dirigeants serbes et croates ratifièrent le plan Owen-Stoltenberg. Slobodan Milosevic et Franjo Tudjman avaient gagné la partie de bras de fer dans laquelle ils avaient entraîné, à son insu, la communauté internationale. Les accords de Karadjordjevo prenaient forme, ceux conclus entre Mate Boban et Radovan Karadzic se concrétisaient »[124]. Le Parlement bosniaque a refusé de signer le plan jusqu'à ce que l'OTAN soit chargée de sa mise en œuvre. Mais, les États-Unis refusent d'envoyer des troupes terrestres, et la négociation paralysée se termine par l'abandon du plan Owen-Stoltenberg[124].

En 1994, les États-Unis et la Russie ont rejoint les négociations. Les États-Unis, menaçant les Croates de sanctions des Nations unies pour les crimes commis en Bosnie, ont proposé de mettre fin à la guerre contre les musulmans, et en échange ils les aideraient à récupérer les territoires de Croatie occupés par les Serbes[126]. Le, l’Accord de Washington (1994) sur un cessez-le-feu entre Bosniaques et Croates est signé, de sorte que les forces conjointes croato-musulmanes parviennent à récupérer une partie du territoire de Bosnie occupé par les Serbes. Au cours de l'année 1994, le Groupe de contact (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Russie et États-Unis) a proposé un nouveau plan de division ethnique de la Bosnie, attribuant 49 % de la Bosnie-Herzégovine à la partie serbe et 51 % à la fédération croato-bosniaque. Ce plan a été rejeté trois fois par la partie serbe. Milošević, qui était le principal acteur en coulisses, a affirmé qu'il n'était pas contre le plan, mais que c'était les Serbes de Bosnie qui s'y opposaient.

La situation avant les accords de Dayton

En réalité, les Serbes ont rejeté ce plan car il ne leur permettait pas d'avoir un territoire continu en raison de la présence d'enclaves musulmanes non occupées dans l'est de la Bosnie, qui ont été déclarées par l'ONU comme zones protégées pour la population civile. Ces enclaves étaient stratégiquement importantes et situées près de la frontière de la Serbie, avec laquelle les Serbes voulaient unir les territoires dans un nouvel État serbe[127]. Certains indices suggèrent que la communauté internationale a officieusement autorisé les Serbes à occuper ces zones« qu'elles considéraient comme l'un des principaux obstacles à la paix[128],[129]. » Ainsi, les enclaves de Srebrenica et Zepa ont été occupées par les Serbes et la communauté internationale n'a pas réagi bien qu'elle les ait proclamées zones protégées[130],[131]. Les Serbes ont alors commis le massacre de la population civile de Srebrenica, qui a été confirmé plus tard par les tribunaux internationaux comme un génocide. Les forces croates, avec le soutien des États-Unis, ont récupéré les territoires de la Croatie qui étaient occupés par les Serbes dans l'opération Tempête. Les Serbes et les Croates ont obtenu ce qu'ils voulaient et les conditions ont été créées pour la signature de l'accord de paix. Bien que le plan du groupe de contact n'ait pas été accepté, les pourcentages de partage proposés pour la Bosnie ont été inclus plus tard dans l'accord de paix de Dayton[132].

Toutes les négociations et tous les plans n'ont servi qu'à gagner du temps pour occuper et nettoyer ethniquement les territoires que les Serbes considèrent comme les leurs afin de créer des États serbes en Bosnie (république serbe de Bosnie) et en Croatie (république serbe de Krajina). Les Croates firent de même, créant la république d'Herceg-Bosnie. La Communauté internationale (CI) ne les a pas empêchés. « Non seulement la CI n’a jamais rien fait pour s’y opposer, mais, bien que ne reconnaissant pas ces formations, elle n’a cessé de faire pression sur les États légalement reconnus pour les inciter à leur faire des concessions, se portant même garante d’accords par lesquels la souveraineté de ces États sur une partie de leur territoire se trouve limitée »[133].

Opérations militaires[modifier | modifier le code]

Forces armées[modifier | modifier le code]

Logo de l’armée populaire yougoslave (JNA)

Avec l'effondrement de la Yougoslavie, les républiques devenues des pays indépendants ont constitué leurs propres armées régulières. La Croatie a formé l’Armée croate (HV), tandis que la république de Bosnie-Herzégovine a mis en place l'Armée de la république de Bosnie-Herzégovine (ARBiH). L’ancienne Armée populaire yougoslave (JNA), avec tout son arsenal, est devenue l’armée de Serbie qui lui sert à atteindre ses objectifs politiques.

En 1991, conformément aux plans visant à créer un État pour tous les Serbes, les Serbes de Croatie et de Bosnie, encouragés et soutenus par Slobodan Milošević, ont établi des Régions autonomes serbes (SAO) sur le territoire de la Croatie et de la Bosnie, où la population était majoritairement serbe. Ces zones autonomes ont constitué la base de la création d'États serbes indépendants, qui seront intégrés à la Serbie et Monténégro, formant ainsi la Grande Serbie. Par l'intermédiaire du MUP de Serbie et de la JNA, Milošević les a massivement et secrètement armées. En Croatie, la république serbe de Krajina a été autoproclamée dans ces régions, et son armée de la république serbe de Krajina(SVK), a été formée.

Le , la « République des Serbes de Bosnie » s'autoproclame en Bosnie dans les Régions autonomes serbes, englobant de nombreuses municipalités à majorité musulmane. Avec le soutien de l'Armée populaire yougoslave (JNA) et de la Serbie, une guerre de conquête est déclenchée pour l'homogénéisation ethnique de ce territoire et son annexion à la Serbie. Dès avril 1992, la JNA et les paramilitaires occupent un grand nombre de municipalités à population majoritairement non serbe qui devaient faire partie de cette République serbe autoproclamée. Suite à la reconnaissance internationale de la Bosnie-Herzégovine, la JNA est fictivement divisée en l'armée de la république serbe de Bosnie (VRS) et l'armée de Yougoslavie (VJ) en Serbie. Ces armées (initialement la JNA, qui est ensuite divisée en VRS et VJ), ainsi que l’armée de la république serbe de Krajina(SVK), les unités des forces spéciales de Serbie, les groupes paramilitaires et les forces dissidentes de la province autonome de Bosnie occidentale, constituent les principales forces serbes participant aux opérations militaires en Bosnie.

Conformément aux accords de partage de la Bosnie entre la Serbie et la Croatie à Karađorđevo et Graz, les extrémistes croates de Bosnie, incités par Franjo Tuđman dans le but de créer une Grande Croatie, ont également autoproclamé leur propre entité, nommée Herceg-Bosna, et créé leur armée Conseil de défense croate (HVO). Le HVO, avec le soutien de l'Armée croate (HV) et des unités paramilitaires, constituait les forces croates.

En raison de l'implication de la Serbie et de la Croatie avec leurs armées sur le territoire de l'État internationalement reconnu de Bosnie, ce conflit a un caractère international.

Ainsi, trois factions étaient en conflit sur le territoire bosnien: l'Armée de Bosnie-Herzégovine (ARBiH), seule armée légale défendant une Bosnie multiethnique et indivisible, était également la moins bien armée et faisait face à l'agression des forces armées serbes et croates.

Forces de Bosnie-Herzégovine[modifier | modifier le code]

L'intervention de la JNA en Croatie, la création de régions autonomes et l'armement massif des Serbes de Bosnie étaient des préparatifs évidents en vue de la guerre. Cependant, le gouvernement de Bosnie-Herzégovine était indécis quant à l'organisation de son armée, espérant qu'il n'y aurait pas de guerre en Bosnie et que l'Armée populaire yougoslave (JNA) se comporterait comme elle était organisée en Yougoslavie, en tant qu'armée de toutes les nations. Néanmoins, durant la dissolution de la Yougoslavie, la JNA s'est transformée en une armée serbe, prenant parti pour les Serbes, les armant et défendant exclusivement leurs intérêts.

Parallèlement, les Croates de Bosnie, armés et soutenus par la Croatie, formaient leurs propres forces armées. La population musulmane non protégée de Bosnie, livrée à la merci des forces serbes, a commencé à s'armer tardivement et de manière inefficace, car toutes les armes étaient sous le contrôle de la JNA serbe. De plus, l'ONU avait imposé un embargo sur l'importation d'armes.

Dès le début du mois d'avril 1992, avant même la création de l'armée de Bosnie, la JNA et les forces paramilitaires de Serbie ont attaqué de nombreuses villes bosniaques, que les plans serbes prévoyaient d'inclure dans le nouvel État serbe, même si elles étaient majoritairement musulmanes. C'est dans ce contexte qu'a émergé la "Ligue patriotique", une formation armée qui, aux côtés de la Défense territoriale de Bosnie (TO) a tenté en vain de protéger les villes bosniaques contre cette agression préparée. Au cours du mois d'avril 1992, des nombreuses municipalités de Bosnie ont été occupées par les Serbes et soumises à un nettoyage ethnique[134],[83]. La population musulmane a été expulsée, tuée ou emprisonnée dans des camps[135].

Logo de l'armée de la république de Bosnie-Herzégovine (ARBiH)

Le , la république de Bosnie-Herzégovine est reconnue en tant qu'État indépendant, et le , l'Armée de la république de Bosnie-Herzégovine (ARBiH) a été formée à partir de la Défense territoriale (TO) de Bosnie-Herzégovine, de la «Ligue patriotique», du MUP de Bosnie, de groupes paramilitaires et d'anciens membres de la JNA. Cette force militaire récemment constituée comptait environ 70 000 hommes. Cependant, seuls environ 44 000 d'entre eux étaient armés, avec seulement deux chars à leur disposition[2]. L’Armée de la république de Bosnie-Herzégovine était placée sous la direction et le commandement de la Présidence de Bosnie-Herzégovine en tant que son Commandement suprême. Le Commandement suprême comprenait un État-major et un gouvernement, au sein duquel se trouvait le Ministère de la Défense.

C'était la seule armée légale en république de Bosnie-Herzégovine , et l'Organisation des Nations unies (ONU), dans sa résolution 752 de , a exigé l'arrêt de l'agression envers la Bosnie et que toutes les autres forces armées, y compris la JNA et l'armée croate (HV), soient considérées comme des formations illégitimes. Elles devaient rendre leurs armes et rejoindre l'ARBiH ou quitter le territoire de la Bosnie-Herzégovine. Cependant, cette exigence n'a pas été respectée, et tout au long de la guerre, les forces militaires de Serbie et de Croatie, ainsi que de nombreuses unités paramilitaires serbes de Serbie et de Bosnie, ont participé aux opérations de guerre en Bosnie.

Avec une composition multiethnique, l'Armée de la république de Bosnie-Herzégovine (ARBiH) a défendu une Bosnie indivisible et indépendante. Aux côtés des Bosniaques, de nombreux Serbes et Croates de Bosnie ont combattu contre l'agression des forces sécessionnistes serbes[136]. Son commandant suprême était Sefer Halilović (Bosniaque), avec comme commandants adjoints Jovan Divjak (Serbe de Bosnie) et Stjepan Šiber (Croate de Bosnie). Le commandant de l'unité des forces spéciales du ministère de l'Intérieur était Dragan Vikić. Mais le plus grand problème était le manque d’armes, si bien que seulement la moitié des soldats étaient armés.

En 1991, la seule force armée organisée était l'Armée populaire yougoslave (JNA), devenue l'armée serbe, elle détenait quasiment l'intégralité des armements de l'ex-Yougoslavie, dont d'énormes quantités ont abouti aux mains des Serbes de Bosnie. Le , l'ONU a instauré un embargo sur les armes en territoire de l'ex-Yougoslavie, gelant ainsi l'avantage écrasant des Serbes en matière d'armement. Les États nouvellement reconnus, la Croatie et la Bosnie, ont dû rapidement établir leurs propres armées, mais cet embargo les a empêchés d'armer légalement leurs nouvelles forces. Les Serbes de Bosnie, disposant des armes de la JNA, n'ont même pas ressenti cet embargo, et tout au long de la guerre, des armes et des munitions sont arrivées de Serbie en violation de l'embargo. De leur côté, les Croates de Bosnie étaient armés depuis la Croatie, où des armes arrivaient illégalement en provenance des pays voisins. La Bosnie, encerclée par la Serbie et la Croatie qui cherchaient à la diviser, se trouvait dans une situation difficile. Étant la moins bien armée et incapable de se défendre contre une agression, elle a sollicité à plusieurs reprises l'ONU pour lever l'embargo sur les armes, afin de pouvoir s'armer légalement[71],[137].

Dans la résolution des Nations unies RES/48/88 du , l’Assemblée générale « demande instamment au Conseil de sécurité d’envisager d’urgence, avec toute l’attention voulue, de ne plus appliquer à la République de Bosnie-Herzégovine l’embargo sur les armes… »[138]. Aussi, la Commission des droits de l'homme des Nations Unies dans son rapport « rappelle solennellement à la communauté internationale que l’embargo sur les armes actuellement imposé au Gouvernement de Bosnie-Herzégovine contribue gravement à la poursuite des violations des droits de l’homme et des principes humanitaires sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine en faisant obstacle à l’exercice du droit de légitime défense par la République de Bosnie-Herzégovine »[139]. Cependant, les Nations unies n'ont pas autorisé ce membre à s'armer pour assurer son droit à l'auto-défense, et elles ne l'ont pas défendu contre cette agression. Les États-Unis, ne voulant pas impliquer directement leurs forces dans le conflit, étaient en faveur de la levée de l'embargo sur la Bosnie. Cependant, les positions de l’Angleterre et de la France étaient opposées[73]. Par conséquent, les États-Unis ont permis à la Bosnie de s'armer de manière non officielle pour sa défense, dans le but de pousser les Serbes à conclure un accord de paix[140]. Ainsi, la Bosnie a été contrainte de violer l'embargo et de s'armer par l'intermédiaire de la Croatie, qui prélevait une commission de 50 %. Les armes et le soutien financier provenaient des pays islamiques, qui voulaient soutenir les musulmans de Bosnie menacés d'extermination. Cependant, cela n'a pas contribué à équilibrer le niveau des armements et, pendant toute la guerre, les Serbes sont restés nettement supérieurs en armements, notamment lourds.

Selon une estimation de la CIA datant de , l'ARBiH comptait environ 100 000 personnes dont seulement 40 000 à 50 000 étaient armés, quelques dizaines de chars et de pièces d'artillerie. L'armée faisait face à des problèmes de pénurie de fusils, de munitions et de fournitures médicales[1].

Au début du conflit, les forces croates de Bosnie ont combattu aux côtés des forces de Bosnie-Herzégovine contre l'agression serbe. En1992 et au début de 1993, Vance et Owen ont proposé un plan de paix pour une Bosnie-Herzégovine décentralisée, composée de dix provinces ethniques. Les Croates de Bosnie incités par Tuđman, ont interprété ce projet de manière erronée, y voyant une opportunité de créer un État ethnique croate en Bosnie, et ont précipité sa mise en œuvre unilatéralement[141],[142]. Ils ont négocié la partition de la Bosnie avec les Serbes à Graz, trahissant ainsi leurs anciens alliés bosniaques, avec qui ils avaient combattu depuis le début de la guerre contre l'agression serbe. Ce conflit ouvert entre Croates et Musulmans a éclaté en Bosnie centrale, transformant progressivement l'ARBiH multiethnique en une armée dominée par les Bosniaques, qui étaient désormais les seuls à résister à deux ennemis dans le but de préserver une Bosnie unie.

En 1994, les États-Unis ont fait pression sur les Croates pour qu'ils s'unissent aux Bosniaques afin de mieux répondre à l'agression serbe et de parvenir rapidement à la paix. Tuđman a été contraint d'abandonner son projet de partage de la Bosnie avec les Serbes car il avait besoin de récupérer les territoires de Croatie conquis par les Serbes, ce qu'il a fait avec l'aide des États-Unis. C'est ainsi qu'est née la coalition croate-musulmane qui, avec le soutien des États-Unis, désormais mieux armés, a commencé à récupérer les territoires occupés par les Serbes en Bosnie. L'ARBiH, mieux organisée, comptait environ 200 000 soldats, dont seulement la moitié étaient armés, ainsi que 25 chars et 200 canons.

Après de nombreux massacres de Bosniaques, les attaques serbes contre les zones de sécurité pour les civils établies par les Nations unies et le génocide de Srebrenica, l'OTAN a bombardé les positions d'artillerie des Serbes de Bosnie dans le cadre de l'opération "Lift and Strike" . En octobre 1995, les forces croato-bosniaques ont repris 20 % du territoire du nord-ouest de la Bosnie occupé par les Serbes[79]. Banja Luka, en tant que plus grande ville de cette région, était déjà menacée, mais les États-Unis ont arrêté l'offensive, ne souhaitant pas la défaite totale des Serbes, mais la signature de la paix. « Aujourd’hui encore, de nombreux observateurs et acteurs de l’époque, républicains comme démocrates, regrettent que l’administration Clinton n’ait pas laissé les combats se dérouler jusqu’à leur terme, l’écrasement total des Serbes de Bosnie »[40]. Richard Holbrooke a déclaré quinze ans plus tard : « Je ne sais pas si nous avons pris la bonne décision. La Bosnie pourrait être aujourd'hui un État plus unifié et prospère si les extrémistes responsables de la guerre avaient été écrasés, au lieu de jouer un rôle continu – et perturbateur – dans la Bosnie d'après-guerre. L'effondrement des extrémistes serbes en Bosnie aurait pu relâcher l'emprise de Milosevic sur la Serbie, et la guerre du Kosovo qui aurait suivi n'aurait peut-être pas été nécessaire »[143].

Tout cela a contraint les Serbes à accepter les négociations, aboutissant à la signature de l'accord de paix de Dayton.

Forces serbes[modifier | modifier le code]

Les guerres en Croatie et en Bosnie ont été planifiées et dirigées depuis Belgrade, avec l'Armée populaire yougoslave (JNA) jouant un rôle central dans ces opérations militaires, bénéficiant de l'arsenal complet de l'ex-Yougoslavie. Sous le prétexte de défendre la Yougoslavie et les Serbes, la JNA et le Ministère de l'Intérieur (Serbie)(MUP) ont activement contribué à la formation et à l'approvisionnement des forces armées serbes en Croatie et en Bosnie.À partir de 1991, la JNA réduit les effectifs de la défense territoriale (TO) dans les régions à majorité musulmane de Bosnie, confisqué les armements de la TO Bosnie et les a transférés vers les zones majoritairement serbes, créant ainsi une défense territoriale distincte pour les Serbes en Bosnie[51]. Avec le retrait de la JNA de Slovénie, de Croatie et de Macédoine, la plupart des armes retirées ont été distribuées aux Serbes de Bosnie. De plus, les usines d'armement en Bosnie qui étaient sous le contrôle de la JNA ont été remises aux Serbes de Bosnie ou démantelées et transférées en Serbie.

Grâce à leur supériorité en termes d'armement, la JNA et les paramilitaires serbes ont rapidement conquis 30 % du territoire croate et 70 % de la Bosnie au début du conflit[144].

Logo de l'armée de Yougoslavie (VJ)

Après la création de la république serbe de Krajina en Croatie, l'Armée populaire yougoslave (JNA) s'est retirée en janvier 1992 de la Croatie, qui a été reconnue comme un État indépendant. Cependant, certaines unités de la JNA sont restées en Croatie, rebaptisées "Unités de police spéciales" serbes de la Krajina croate. Le , en collaboration avec la TO Krajina et des unités paramilitaires, elles ont formé l'armée de la république serbe de Krajina(SVK)[68]. Cette nouvelle force comptait environ 62 000 soldatset a pris part aux combats dans le nord-ouest de la Bosnie[145].

En Bosnie, les unités de la JNA, accompagnées de groupes paramilitaires serbes, ont occupé de nombreuses villes en avril 1992, pris des positions stratégiques, et préparé le siège d'importants centres urbains, y compris la capitale Sarajevo[146]. La population civile, non préparée à la guerre et faiblement armée, n'a pas été en mesure d'opposer une résistance significative à l'armée professionnelle de la JNA. Tout cela s'est produit avant même la formation de l'armée de la république de Bosnie-Herzégovine (ARBiH) et l'armée de la république serbe de Bosnie (VRS).

Face à la faible réponse à la mobilisation, la JNA s'est retrouvée contrainte de recruter des groupes paramilitaires et des volontaires, lesquels ont perpétré les crimes les plus graves lors des opérations de nettoyage ethnique dans ces zones.

Logo de l'armée de la république serbe de Bosnie (VRS)

Après la reconnaissance internationale de la Bosnie en , la communauté internationale a exigé que la JNA, en tant qu'armée étrangère, se retire du territoire d'un État internationalement reconnu, la Bosnie. Cependant, Milošević avait déjà anticipé cette situation en divisant fictivement la JNA en deux parties. Une partie de la JNA stationnée en Bosnie, avec de nombreux soldats d'origine serbe de Bosnie, a été renommée VRS, tandis que l'autre partie en Serbie est devenue la armée de Yougoslavie (VJ). Les troupes de la JNA présentes en Bosnie comprenaient 100 000 à 110 000 soldats[146], dont un petit nombre s'est retiré en Serbie, tandis que 80 000 soldats, avec toutes leurs armes, sont restées en Bosnie[2]. Le , elles ont été rebaptisées VRS, devenant ainsi l'armée des Serbes de Bosnie. Cette manœuvre visait à la présenter comme l'armée du peuple serbe en Bosnie, tout en dissimulant l'implication de la Serbie[147],[43].

Suite à ce retrait fictif de la JNA de Bosnie, l'agression contre la Bosnie a continué avec la même armée, les mêmes objectifs et le même commandement à Belgrade[148],[146].Au sein de cette nouvelle force, la Défense territoriale serbe de Bosnie, composée d'environ 60 000 personnes, a également été intégrée[149].

La JNA était la seule dans cette région de l'ex-Yougoslavie à posséder et à utiliser des avions. En se transformant en Bosnie en Armée serbe (VRS), qui dispose désormais officiellement d'énormes quantités d'armes lourdes et d'avions, la JNA a également miné des aéroports qui ne se trouvent pas sur le territoire contrôlé par les Serbes[1].

De nombreuses forces serbes ont participé à des opérations militaires pendant la guerre en Bosnie, notamment la JNA, la VRS, la VJ, les unités spéciales du Ministère de l'Intérieur (Serbie), les forces paramilitaires de Serbie, le MUP serbes de Bosnie (environ 15 000 effectifs[149]) et les unités paramilitaires serbes de Bosnie, l'armée de la république serbe de Krajina (62 000 soldats), et à partir de 1993, les forces dissidentes de la province autonome de Bosnie occidentale (environ 5 000 effectifs).

Le , lors d'une session du Conseil de Défense suprême de la RFY, le général Momčilo Perišić a informé : « Vous devriez savoir, et cela ne figure pas dans le rapport, qu'en Republika Srpska, nous soutenons et payons pour 4 173 personnes, soit 7,42 % de la VJ, et dans la République serbe de Krajina, 1 474 personnes, soit 2,62 % de la VJ ; cela fait un total de 5 647 personnes. »[150].

Ces forces totalisaient 200 000 à 250 000 soldats[1],[3], équipés de 500 chars, 800 véhicules blindés de combat, de milliers d'armes lourdes, ainsi que de 20 avions et 30 hélicoptères.

À la fin de la guerre, leur effectif était réduit à environ 155 000 à 185 000 soldats[151].

Forces croates[modifier | modifier le code]

Logo de l'Armée croate (HV)

Le , à la suite de la création de la SAO par les Serbes de Bosnie, les Croates de Bosnie ont unilatéralement proclamé la communauté croate d'Herceg-Bosna dans les régions où ils constituent la population majoritaire. L'organisation militaire et l'armement des Croates de Bosnie ont débuté à la fin de 1991, pendant la guerre de Croatie, et le , le Conseil de défense croate (HVO) a été formé en tant que principale formation militaire de la communauté croate d'Herceg-Bosnie. Il a combattu initialement aux côtés de l'ARBiH contre l'agression serbe en Bosnie.

Logo de l'armée croate de Bosnie (HVO)

En 1993, les extrémistes bosno-croates, soutenus par Tuđman, se sont alliés aux Serbes dans leur désir de diviser la Bosnie, déclenchant ainsi la guerre croato-bosniaque. La communauté croate s'est transformée en République croate d'Herceg-Bosna le , sans proclamer toutefois son indépendance de la Bosnie-Herzégovine. Cette guerre croato-bosniaque a perduré jusqu'à l'accord de Washington du , date à laquelle la République croate d'Herceg-Bosna a été intégrée à la fédération de Bosnie-Herzégovine.

Les forces croates engagées dans la guerre en Bosnie, en plus du HVO , comprenaient l'armée croate (HV), le Forces de défense croates (HOS) (qui a ensuite été intégré au HVO), des unités spéciales et des groupes paramilitaires. Les forces HVO et HV étaient placées sous la direction et le commandement du président de la république de Croatie, qui était également le Commandant suprême des forces armées.

Selon un rapport de Nations unies l'armée régulière croate de Bosnie est composée de 21 brigades qui comprennent entre 60 000 et 70 000 hommes répartis dans quatre groupes opérationnels[2]. D'autres sources estiment un nombre légèrement inférieur, entre 45 000 et 50 000 soldats[152], tandis que l'édition de The Military Balance pour 1993-1994 indiquait que le HVO disposait d'environ 50 chars de combat, principalement des T-34 et T-55, ainsi que 500 pièces d'artillerie de différents types.

Le HVO était armé et soutenu financièrement par la Croatie, et l'armée croate (HV) elle-même a activement participé à la guerre en Bosnie. La plupart des officiers du HVO étaient en réalité des officiers de la HV, et on estime qu'entre 15 000 et 20 000 soldats de la HV étaient présents en Bosnie-Herzégovine[153],[154].

Paramilitaires[modifier | modifier le code]

De nombreuses formations paramilitaires ont participé aux guerres dans ces régions. Selon un rapport de l'ONU, 56 groupes paramilitaires se sont battus pour les républiques serbes autoproclamées ; 13 en faveur des Croates ; et 14 en faveur des Bosniaques. Le nombre de combattants paramilitaires du côté des républiques serbes autoproclamées variait de 20 000 à 40 000; entre 12 000 et 20 000 soutiennent les Croates ; et 4 000 à 6 000 se sont battus pour soutenir la Bosnie-Herzégovine[155].

Les formations paramilitaires serbes étaient les plus nombreuses[156] et ont joué un rôle crucial, aux côtés de l’Armée populaire yougoslave (JNA) et des unités spéciales de Serbie, dans l'occupation des villes bosniaques et leur nettoyage ethnique.

Dès le début de 1991, Milošević avait annoncé la création d'une nouvelle milice et de formations appropriées qui défendront les intérêts de la Serbie et du « peuple serbe hors de Serbie »[22]. Ces unités paramilitaires ont été les instigatrices et les principales actrices de la guerre, maintenant un haut degré d'autonomie et étant gérées par le Département de la sécurité de l'État de Serbie[157],[158],[159]. Bien qu'elles aient été présentées comme des formations irrégulières composées spontanément de volontaires, sans système de commandement clair, en réalité, elles étaient organisées, entraînées et armées par le MUP de Serbie et la JNA[160],[161].

Le général de la JNA, Milutin Kukanjac, a reconnu qu'en mars 1992, « la JNA et le SDS avaient armé 69198 Serbes, pour la plupart des volontaires qui n’appartenaient ni à la TO ni à la JNA »[162].

Ces unités ont commis les crimes les plus odieux et ont forcé la population à quitter ces territoires où elle avait vécu pendant des siècles, pour ne jamais y revenir. Bien que la Serbie ait affirmé ne pas y participer et qualifié la situation de guerre civile, elle a rejeté la responsabilité des crimes sur les acteurs locaux. Parmi les unités irrégulières les plus importantes figuraient les unités spéciales de Serbie : les "Bérets rouges"(Knindže) de Dragan Vasiljković, Garde des volontaires serbes (Tigres d’Arkan)[163], et Skorpions[164], organisées et dirigées par le MUP de Serbie[165]. Vojislav Šešelj a déclaré après l'occupation de la ville de Zvornik: « Les forces serbes de Bosnie ont participé. Mais les unités spéciales et les meilleures unités de combat venaient de Serbie. Il s'agissait d'unités de bérets rouges - des unités spéciales du ministère serbe de l'intérieur à Belgrade. L'armée s'est engagée dans une faible mesure - elle a fourni un soutien d'artillerie en cas de besoin. L'opération était préparée de longue date »[166],[167].

Les partis ultranationalistes en Serbie, tels que le Parti radical serbe (SRS) de Vojislav Šešelj, le Mouvement serbe du renouveau (SPO) de Vuk Drašković, et le "Renouveau national serbe" (SNO) de Dragoslav Bokan, ont servi de source de recrutement de combattants, complétés par le personnel local en Bosnie. Ainsi, des formations paramilitaires "Chetnik" ont été créées en Serbie, comme les "Šešeljevci", les "Aigles blancs", les "Guêpes jaunes" et la "Garde serbe"[168],[9]. Les "Martićevici" de la Krajina serbe en Croatie ont également participé, tandis que les Serbes de Bosnie ont formé leurs groupes paramilitaires tels que la "Garda Panteri" de Mauzer, les "Loups de la Drina" et d'autres, en plus des formations chetniks locales.Toutes ces unités étaient armées par la JNA et opéraient sous son commandement. Ainsi, avec la JNA, elles ont participé aux opérations militaires d'occupation et de nettoyage ethnique des villes bosniaques en 1992, commettant les crimes les plus cruels.

Les Bosniaques ont mis en place des groupes paramilitaires de défense civile composés de volontaires pour protéger la population avant la création de l'armée de la république de Bosnie-Herzégovine (ARBiH). Ainsi, la "Ligue patriotique" (PL) et la Défense territoriale de Bosnie (TO) ont agi en tant que forces de défense régulières, tandis que divers groupes paramilitaires tels que les "Bérets verts" (Zelene beretke) et les "Cygnes noirs" (Crni Labudovi) ont également été formés et ont été responsables de certains crimes de guerre. Des groupes locaux irréguliers ont également émergé dans les villes, comprenant des criminels tels que les gangs urbains (mahalske bande) : Juka Prazina, Mušan Topalović (Caco), Ramiz Delalić (Ćelo). Bien qu'elles aient joué un rôle initial dans la défense du siège de Sarajevo, ces forces ont également commis divers crimes de guerre et se sont impliquées dans des extorsions, des vols et d'autres actes de violence contre des civils. Lors de la création de l’ARBiH , toutes les formations paramilitaires ont été intégrées dans cette armée régulière de la république de Bosnie-Herzégovine ou ont été dissoutes.

La formation paramilitaire croate la plus nombreuse était le "Hrvatske odbrambene snage" (HOS), qui a combattu aux côtés de l'ARBiH au début de la guerre. Bien que le HOS ait affirmé lutter pour une Bosnie indivisible et unie contre l'agression serbe, sa véritable politique sous-jacente visait à annexer l'ensemble de la Bosnie à la Grande Croatie. Cependant, en raison de leur puissance armée et de leur succès dans le combat, certains musulmans les ont rejoints non pas en soutien de la Grande Croatie, mais plutôt pour obtenir des armes et unir leurs forces contre l'agression serbe. Fin 1992, son commandant, Blaž Kraljević, a été tué par la police spéciale croate. Suite à cela, le HOS a été dissous, et une partie de ses membres a rejoint le HVO. D'anciens compagnons d'armes, ils sont devenus ennemis des Bosniaques et ont commis de nombreux crimes contre eux dans la région de Mostar ainsi que dans le camp de prisonniers de Dretelj. Outre le HOS, des unités spéciales telles que les "Jokeri", "Vitezovi" et le "Kažnjenička Bojna" (traduit en français le "Bataillon des condamnés" )[169] ont participé au soutien des forces croates et ont commis le plus de crimes du côté croate[170].

Volontaires et mercenaires étrangers[modifier | modifier le code]

La guerre de Bosnie a attiré des combattants étrangers et des mercenaires de divers pays, motivés par leur loyauté religieuse ou ethnique, ainsi que par des incitations financières. Les Serbes de Bosnie ont reçu le soutien des pays orthodoxes, les Bosniaques de pays musulmans et les Croates de Bosnie des pays catholiques. Le nombre et l'importance des combattants étrangers étaient souvent exagérés en raison de la propagande de guerre. Leur influence dans la guerre n'était pas significative, et aucun de ces groupes ne représentait plus de 1% des effectifs de l'armée concernée. Bien que ces guerriers étrangers aient commis certains crimes, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY ) n'a inculpé aucun des volontaires étrangers. La seule personne étrangère reconnue coupable de crimes de guerre était le néo-nazi suédois Jackie Arklöv, qui a combattu dans l'armée croate (condamné d'abord en Bosnie puis devant un tribunal suédois).

Les Serbes de Bosnie ont été soutenus par des volontaires et des mercenaires en provenance de divers pays, dont la Russie[171], Ukraine, Roumanie et Grèce. La faction russe était la plus grande et la plus importante, opérant en unités organisées, connues sous le nom de RDO (Русский Добровольческий Отряд), signifiant "Unité de Volontaires Russes". Le premier détachement de volontaires russes en Bosnie, le RDO-1, a été créé en septembre 1992 à Trebinje, dans l'est de l'Herzégovine. Le noyau du détachement était constitué d'un groupe de volontaires de Saint-Pétersbourg et le détachement opérait dans le cadre d'une unité serbo-russe consolidée. Le RDO-2, également appelé les "Loups royaux" en raison des convictions monarchistes de nombreux membres, a participé à l'occupation et au nettoyage ethnique de Višegrad, ainsi qu'à des opérations en 1993 à Priboj et dans la banlieue de Sarajevo. En août 1993, le RDO-2 a cessé d'exister et sa bannière a été remise à l'Église de la Sainte-Trinité de Zemun. À l'automne 1993, le RDO-3 a été créé, composé d'anciens combattants et de volontaires nouvellement arrivés. Le RDO-3 était basé dans la banlieue sud-est de Sarajevo, faisait partie du détachement Chetniks de Novo Sarajevo (Novosarajevski četnički odred) et a participé à un grand nombre d'opérations dans et autour de Sarajevo[172]. Une autre unité de volontaires russes fut également créée, composée de centaines de cosaques, connue sous le nom de Première Centaine de Cosaques. Il y avait également des mercenaires russes, appelés "kontraktniki" (soldats sous contrat). Il s'agissait d'anciens combattants de la guerre en Afghanistan qui étaient rémunérés en fonction du territoire conquis. Certains d'entre eux ont été recrutés en tant que pilotes d'avions fournis aux Serbes de Bosnie par la JNA[173]. Diverses sources affirment qu'il y aurait plusieurs milliers de ces volontaires et mercenaires originaires de Russie, de Grèce et de Roumanie, mais ils seraient probablement entre 500 et 1 500[174], alors que le Tribunal de La Haye les estime entre 529 et 614[175]. Toutes ces unités ont principalement opéré dans l'est de la Bosnie avec les forces de la VRS de 1992 à 1995, commettant une série de crimes, dont des meurtres de masse, des viols et des vols[173],[174]. Les 49 volontaires et mercenaires russes sont morts en Bosnie et la République serbe de Bosnie a décerné à titre posthume l'Ordre de Miloš Obilić à 29 d'entre eux[176]. Un monument aux volontaires russes tombés au combat a été érigé à Višegrad et des commémorations ont lieu, ce que l'association des victimes de la guerre en Bosnie considère comme une provocation car 3 000 Bosniaques ont été tués à Višegrad, dont 600 femmes et 100 enfants[177]. De nombreux volontaires serbes issus de l'émigration, tels que Milorad Ulemek, Dragan Vasiljković et d'autres, sont également venus combattre aux côtés des Serbes. Milorad Ulemek alias "Legija" (car il était dans la Légion étrangère française) a rejoint la Garde des volontaires serbes d’Arkan, tandis que Dragan Vasiljković surnomé "capitaine Dragan" a dirigé les " Bérets rouges" (Knindze). Ces unités spéciales, organisées par le Ministère de l'Intérieur (Serbie) et sous la direction de Jovica Stanišić, ont combattu en Croatie et en Bosnie-Herzégovine et ont organisé des centres de formation pour les unités paramilitaires. Des volontaires grecs, organisés sous le nom de Garde volontaire grecque et composés de certains des principaux membres du parti politique néo-nazi grec Aube dorée (Grèce) étaient également actifs. Ils ont participé au génocide de Srebrenica, où ils ont été filmés en train de brandir le drapeau grec lorsque la ville est tombée aux mains des Serbes[178],[179].

Les Bosniaques ont reçu le soutien financier et les armes des pays islamiques. Ils disposaient déjà d'un nombre suffisant de combattants, mais avec cette aide sont également arrivés les volontaires "Moudjahidines". Ces volontaires, originaires d'Afghanistan, de Turquie, d'Iran et du Pakistan, ont commencé à arriver en Bosnie à la fin de 1992 pour venir en aide aux Bosniaques menacés d'extermination[180]. Certains prétendent que cette arrivée était une tentative d'infiltration de l'extrémisme islamique en Europe. Les Moudjahidines étrangers se distinguaient considérablement des habitants locaux ; non seulement par leur apparence physique et leur langue, mais également par leurs méthodes de combat. Initialement, ils ont fourni de la nourriture et d'autres produits essentiels aux musulmans résidents, privés de ces biens par les forces serbes. Lorsque le conflit a éclaté entre l'ARBiH et le HVO, un détachement indépendant appelé "El Moudjahid" a été formé à partir de ces volontaires, combattant aux côtés de l'ARBiH contre les forces croates et serbes. Ils tentent parfois de recruter des jeunes gens de la région, mais avec un succès limité, en leur offrant une formation militaire, des uniformes et des armes. En raison de leur langue différente, de leur fanatisme et de leur vision extrême de l’Islam, ils n’ont pas étendu leur influence sur la population musulmane locale, qui était la population musulmane la plus sécularisée au monde[181]. Bien que les volontaires soient considérés comme un signe précieux de soutien à la Bosnie par le monde musulman, leur contribution militaire était apparemment limitée et est devenue surtout un problème politique. En effet, la Croatie et la Serbie utilisent la présence de ces volontaires islamiques pour appuyer leur propagande selon laquelle les musulmans bosniaques aspirent à faire de la Bosnie un État islamique en Europe[28], justifiant ainsi leur agression contre la Bosnie et les crimes commis. De nombreux militaires et intellectuels bosniaques étaient particulièrement inquiets de l'arrivée de volontaires musulmans étrangers, qui entraient en Bosnie via la Croatie. Pour ce faire, ils devaient passer par la communauté croate autoproclamée d'Herceg-Bosna, ce qu'ils faisaient sans problème, contrairement aux Bosniaques qui, lors de leur passage dans ces zones, étaient régulièrement arrêtés par les forces croates. En réalité, ils ont été délibérément autorisés à entrer en Bosnie. Selon les déclarations du général Stjepan Šiber, l'officier d'origine croate ayant le grade le plus élevé au sein de l'ARBiH, l'arrivée de ces volontaires étrangers a été orchestrée par Franjo Tuđman et le service de contre-espionnage croate, dans le but caché de justifier l'engagement militaire des forces croates en Bosnie, ainsi que de trouver un bouc émissaire aux massacres commis par les forces croates dans cette guerre. La propagande serbe et croate a été très active pendant la guerre, diffusant constamment de fausses informations sur ces combattants étrangers afin d'attiser la haine anti-musulmane. Ainsi, après l'occupation de Prijedor par les forces serbes début 1992, "Radio Prijedor" a diffusé une propagande nationaliste serbe, qualifiant les non-Serbes de "Moudjahidines", alors même qu'ils n'étaient pas présents en Bosnie-Herzégovine à cette époque. Les Croates ont également souvent cité la présence de Moudjahidines comme principale raison de l'attaque et pour justifier le massacre de civils, comme à Gornji Vakuf. Le commandant de la compagnie des Nations unies "Britbat" a affirmé qu'il n'y avait pas de "saints guerriers" musulmans à Gornji Vakuf et que ses soldats n'en avaient vu aucun[182]. Cette propagande s'est poursuivie même après la guerre. Même des personnalités publiques et politiques de haut rang ont été impliquées dans la perpétuation de déclarations sans fondement, telles que la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarović, qui a déclaré en 2017 que « la Bosnie-Herzégovine est un centre du terrorisme islamique avec 5000 à 10000 islamistes radicaux armés »[183]. Cette déclaration a conduit les médias croates à adopter le récit des prétendus "terroristes en Bosnie" comme un thème constant à l'époque, allant même jusqu'à placer des armes dans les mosquées pour obtenir la preuve de la prétendue augmentation du nombre d'"islamistes" en Bosnie. De telles déclarations ont été rejetées par les responsables bosniens, et le ministre de la Sécurité de Bosnie-Herzégovine, Dragan Mektić (d'origine serbe), a déclaré aux médias qu'il était possible que les services secrets croates aient organisé un faux acte terroriste afin de légitimer de fausses déclarations sur l'augmentation du radicalisme islamique en Bosnie[184]. Aussi, certains journaux mondiaux en quête de sensations, ou la presse d'extrême droite, ont rapporté qu'il y avait des milliers de ces volontaires, alors qu'en réalité, « le chiffre le plus exact se situe entre 400 et 600 »[2] . Les Moudjahidines sont responsables de certains crimes de guerre, notamment des meurtres et des actes de torture contre des soldats et des civils serbes et croates, mais le TPIY n'a inculpé aucun mercenaire étranger. Bien que ces volontaires ne faisaient pas officiellement partie de l'ARBiH[185], certains officiers bosniaques ont été condamnés par le TPIY parce qu'ils n'avaient pas fait assez pour empêcher ces crimes. Après la fin de la guerre, certains d’entre eux sont restés en Bosnie, mais la plupart ont été expulsés sous la pression américaine.

Les Croates de Bosnie ont reçu un soutien de la part de volontaires et de mercenaires originaires des pays chrétiens occidentaux. En plus de l'appui de la Croatie et de son armée, ils ont bénéficié d'une assistance financière et de volontaires issus de l'émigration. Les volontaires étrangers ont pris part aux formations croates, que ce soit au sein de la Forces de défense croates (HOS), de la Conseil de défense croate (HVO), ou, à partir de 1992, de l'armée croate (HV) déployée en Bosnie. Des volontaires d'extrême droite, principalement d'Allemagne et d'Autriche, ont rejoint les Forces de défense croates (HOS). Certains néo-nazis étaient probablement membres de la 1ère brigade de la garde "Baron Trenck", une unité d'extrémistes des pays germanophones[186]. Des membres de l'UNA-UNSO ont également pris activement part aux conflits, combattant du côté croate comme du côté serbe. Des volontaires en provenance des Pays-Bas, des États-Unis, de l'Australie, de l'Espagne, de la Pologne, de la Suède et de la Hongrie ont été regroupés dans la 103e brigade d'infanterie (Internationale croate), tandis que des Britanniques, des Français, des Tchèques et des Canadiens ont servi dans la 108e brigade du HVO. Ces formations ont été impliquées dans de nombreux crimes en Bosnie. L'un des cas notables est celui du Suédois Jackie Arklöv, condamné par la justice bosnienne pour des crimes commis contre les Bosniaques dans les camps croates de Dretelj et Gabela[187].

Déroulement de la guerre[modifier | modifier le code]

La désintégration de la Yougoslavie a été exploitée comme une opportunité pour créer les États nationaux élargis et ethniquement homogènes de la Grande Serbie et de la Grande Croatie. Dans la mise en œuvre des plans de création de la Grande Serbie, l’Armée populaire yougoslave (JNA), devenue l'armée serbe, a été l'acteur principal des opérations militaires visant à occuper les territoires revendiqués par les Serbes. Les guerres sur le territoire de l’ex-Yougoslavie ont été menées successivement par la JNA. Ainsi, après un bref conflit en Slovénie, la JNA s'est concentrée sur la guerre en Croatie et, après la fin du conflit en Croatie, elle a retiré ses troupes en Bosnie[43]. À la fin de 1991, les Serbes de Bosnie ont formé des régions autonomes serbes avec leurs propres institutions parallèles du futur État serbe sur le territoire de la Bosnie qui serait annexé à la Serbie. Ils étaient armés depuis la Serbie en préparation de la guerre en Bosnie selon le plan RAM, tandis que la JNA préparait le siège de villes importantes et occupait des zones stratégiques.

1992[modifier | modifier le code]

Le , avant le référendum sur l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, la République serbe de Bosnie s'est autoproclamée sur le territoire qu'elle considérait comme sien, comprenant un grand nombre de municipalités à population non serbe. Les conflits armés en Bosnie-Herzégovine ont commencé avant même le début officiel de la guerre. Ainsi, en novembre 1991, le village de Ravno, dans l'est de l'Herzégovine, a été détruit par la JNA et, en mars, des combats ont éclaté à Bosanski Brod sur la rive droite de la Save, où la JNA et des formations paramilitaires serbes se sont affrontées avec les forces croato-musulmanes. Au cours du mois de mars, des tirs sporadiques ont éclaté à Goražde, Kupres, Mostar et Derventa.

Le , des unités spéciales (Garde des volontaires serbes) de la Serbie, sous la direction de Željko Ražnatović (Arkan), ont attaqué Bijeljina[163]. Elles ont rapidement écrasé la faible résistance des quelques membres de la « Ligue Patriotique », mal armée, ce qui a été suivi d'une série de crimes, notamment de meurtres aléatoires de civils musulmans. Entre-temps, l'Armée populaire yougoslave (JNA) a encerclé la ville, se rangeant ouvertement du côté des Serbes, après quoi le président de la Bosnie-Herzégovine, Izetbegović, a pris la décision de mobiliser les forces de défense territoriale de Bosnie[83].

Le , la Bosnie a été reconnue comme un État indépendant, et cette date a servi de faux prétexte pour déclencher la guerre qui avait été planifiée six mois plus tôt.

Le siège et l'attaque, déjà préparés par la JNA contre Sarajevo et d'autres villes stratégiquement importantes, ont débuté immédiatement. L'objectif de la JNA et des paramilitaires serbes était de prendre le contrôle de la capitale et d’occuper toutes les institutions de l’État. Ils ont commencé à ériger des barricades dans la ville, tandis que de nombreux tireurs d’élite opéraient simultanément dans la ville, cherchant à semer la panique et à paralyser la vie quotidienne. La «Ligue patriotique» et la défense territoriale ont réagi en parvenant à dégager le centre-ville et à établir des routes intérieures, alors que la JNA se déplaçait vers des positions préalablement préparées sur les collines entourant la ville et commençait à bombarder la ville sans discernement[82]. Commence alors le siège de Sarajevo, considéré comme le plus long de l’Europe moderne. Les convois transportant de la nourriture et des médicaments ont été bloqués sur les routes, l'eau et l'électricité ont été coupées, et les massacres de civils par des bombardements aveugles sont devenus monnaie courante au cours des quatre années suivantes[188],[189]. Plus tard, en mai 1992, la JNA a changé son nom en VRS, et le siège s'est poursuivi aux mêmes positions avec les mêmes armes. Le , la Bibliothèque nationale et universitaire de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo, l'un des bâtiments les plus beaux et les plus représentatifs de la période austro-hongroise en Bosnie-Herzégovine, a été bombardée et incendiée par les forces serbes. Deux millions de livres ont été brûlés, représentant environ 90 % de la collection de livres et de documents témoignant de l'histoire de la Bosnie-Herzégovine[190],[191].

En même temps, dès le début d'avril, des attaques ont eu lieu sur d'autres villes où les Serbes étaient en minorité mais qui étaient censées faire partie du nouvel État serbe en Bosnie. Ces opérations ont été menées par la Armée populaire yougoslave (JNA), des unités spéciales et des formations paramilitaires des Chetniks de Šešelj de Serbie, et des groupes paramilitaires locaux[192],[92],[193]. Ainsi, courant avril et avant même la formation de l’Armée de la république de Bosnie-Herzégovine (ARBiH) de nombreuses villes à majorité musulmane ont été occupées, sans que la population civile non armée puisse opposer une résistance significative. A l'est de la Bosnie, sur les rives de la Drina, près de la frontière avec la Serbie, sont occupées : Zvornik, Višegrad, Foča, Bratunac, Vlasenica, Rogatica [89],[87],[167], et dans la partie occidentale de la Bosnie: Prijedor, Doboj, Brčko, Donji Vakuf, Bosanska Krupa[83]. Dans le sud-est de la Bosnie, la JNA a commencé l'attaque et le siège de Mostar[194]. Des municipalités de composition ethnique mixte ont également été attaquées, tandis que dans celles où les Serbes étaient majoritaires (comme Banja Luka), de grandes batailles ont été évitées, mais leur population non serbe a été expulsée. D'autres villes stratégiquement importantes ont également été attaquées et occupées en avril, comme Kupres ou Bosanski Brod, qui était majoritairement peuplée de Croates de Bosnie[135].

Goran Jelisić exécute un civil bosniaque à Brčko en 1992

Dans les territoires occupés, la population civile non serbe a été pillée, déportée, violée et massacrée[195]. Le , les forces serbes ont perpétré un massacre à Glogova, au cours duquel elles ont tué 64 civils bosniaques. À Prijedor, par exemple, d'où 47 000 habitants non-serbes ont été expulsés, ils étaient contraints d'afficher un drapeau blanc sur leur maison et de porter un ruban blanc lors de leurs déplacements[196]. Avant leur expulsion, les civils étaient contraints de remettre de l'argent, des bijoux, des objets de valeur et de signer des déclarations « volontaires » renonçant à la propriété de leurs terres et maisons. Le , une unité spéciale de la police serbe de Bosnie a commis un massacre sur les falaises de Korićani, au cours duquel 200 Bosniaques ont été exécutés. Un grand nombre de villages non serbes ont été incendiés, des biens culturels et religieux ont été détruits afin d'effacer toute trace de leur présence ethnique. De nombreuses atrocités ont été commises par les formations paramilitaires, dans le but d'empêcher à jamais le retour de la population dans ces zones[197]. Certains Serbes de Bosnie refusaient de participer à ces actions contre leurs voisins, mais ils étaient traités comme des traîtres à leur peuple et finissaient parmi les non-Serbes dans des camps de prisonniers. Au cours de cette campagne de nettoyage ethnique menée par les extrémistes serbes, des centaines de milliers de civils ont été expulsés de force et des dizaines de milliers ont été emprisonnés dans des camps de concentration ou exécutés en masse. On estime que plus de la moitié du nombre total de civils tués pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine ont perdu la vie en 1992. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a établi qu'il y avait environ un million de non-Serbes dans les 35 municipalités de la région que les Serbes de Bosnie ont proclamées comme étant les leurs[50]. Selon le plan visant à créer un État serbe ethniquement pur, ils devaient être expulsés de ces régions, ce qui a été réalisé.

L'Armée de la république de Bosnie-Herzégovine nouvellement formée ne pouvait pas s'armer en raison de l'embargo sur les armes établi par la communauté internationale. Elle était incapable de défendre les villes contre l'armée professionnelle de la JNA et les formations paramilitaires surarmées. Ainsi, en trois mois, 70 % de la Bosnie était occupée, et cela est resté ainsi pendant les deux années suivantes[94],[95].

Après la participation ouverte de la JNA aux attaques contre des villes de Bosnie, la JNA a été considérée comme une armée d'agresseur et, à partir du 1er mai, les blocus des garnisons qui n'avaient pas été évacuées jusqu'alors ont commencé. Ainsi, lors du retrait convenu de la JNA de Sarajevo et Tuzla en mai, des conflits ont éclaté.

Le , l'ONU, par sa résolution 752, exigeait que cessent les ingérences extérieures en Bosnie-Herzégovine et que la JNA, l'armée croate et toutes les autres formations paramilitaires considérées comme illégitimes quittent la Bosnie, rendent leurs armes ou rejoignent l'armée légale de Bosnie-Herzégovine[96]. Les unités de la JNA stationnées en Bosnie ont simplement changé de nom pour devenir l’armée de la république serbe de Bosnie (VRS), et les opérations de guerre se sont poursuivies avec la même armée et les mêmes objectifs, toujours dirigés depuis la Serbie[5],[97],[146],[198]. Étant donné que les exigences de la résolution 752 n'étaient pas remplies, l'ONU a considéré la Serbie et le Monténégro comme responsables de la guerre et de l'agression et leur a imposé des sanctions [100].

Détenus civils bosniaques dans le camp de concentration Manjača

Au milieu de l'année 1992, l'opinion publique mondiale a été choquée par l'existence de camps de concentration serbes en Bosnie, découverts par Roy Gutman[199] et Ed Wulliamy[200]̺. Dans des centaines de camps créés par l'Armée populaire yougoslave (JNA) et les autorités sur le territoire de la Republika Srpska (RS) autoproclamée, des dizaines de milliers de civils musulmans et croates ont été détenus, torturés et tués[195],[201]. Ainsi, dans la zone occupée de Prijedor, de nombreux civils musulmans et croates ont été capturés et transportés vers des camps comme Omarska, Trnopolje, Keraterm, Manjača, où ils ont enduré des mois de traitements inhumains et de torture[202],[203].

Durant cette période, des milliers de personnes ont été tuées ou ont disparu, constituant le crime le plus grave de la guerre jusqu'au génocide de Srebrenica trois ans plus tard. En dehors de ceux-ci, dans le cadre de la campagne de nettoyage ethnique, de nombreux autres camps pour la population non serbe ont été créés, notamment à Luka, Liplje, Batković, Sušica, Uzamnica, ainsi que des camps pour les viols de femmes en Bosnie, à Foča et à Višegrad. Le TPIY a condamné une vingtaine de personnes pour les crimes commis dans ces camps[204],[205],[206],[207],[208],[209].

Les Croates ont créé des camps[210], comme Dretelj, Gabela, Héliodrome, Vojno, et les forces bosniennes ont également formé quelques camps, avec beaucoup moins de prisonniers, comme le camp de Čelebići dirigé par des forces conjointes bosniaques et croates de Bosnie. « La différence essentielle était (selon le récit) que bon nombre de ceux envoyés dans des camps dirigés par les Serbes de Bosnie ne s’en sont jamais sortis, alors que le gouvernement bosnien a libéré ou échangé leurs prisonniers. »[211].

Les Croates de Bosnie, bien armés pendant la guerre de Croatie, ont d'abord combattu aux côtés des Bosniaques musulmans contre les Serbes. Cependant, l'alliance est en réalité très artificielle car la plupart des Croates ont comme but le rattachement à leur mère patrie, et n'acceptent de se battre aux côtés des Musulmans qu'en raison de la présence de l'ennemi commun serbe[212]. Après une période de tensions marquées, les Croates, sous l'influence de Franjo Tuđman, décident d'acquérir leur propre indépendance et proclament le 3 juillet 1992 la communauté croate d'Herceg-Bosna (devenue ultérieurement la république croate d'Herceg-Bosna), dans le but d'unifier tous les Croates dans les régions de Bosnie où ils sont majoritaires[118]. Pour les Croates de Bosnie, cette proclamation n'était qu'une suite logique de l'accord secret de Kardjordejvo conclu en 1991 entre les présidents croate et yougoslave Tuđman et Milošević, ainsi que de l'accord de Graz, qui prévoyait la division de la Bosnie-Herzégovine entre Serbes et Croates[213].

Entre le 24 juin et le , l'opération Corridor a été menée par l'armée de la Republika Srpska (VRS) contre les forces croates (HVO et HV) et l'armée de Bosnie-Herzégovine au nord de la Bosnie-Herzégovine. L'objectif était de créer une liaison routière entre l'ouest et l'est du territoire sous contrôle des Serbes de Bosnie, assurant ainsi la connexion de ces territoires serbes occupés avec la Serbie, d'où continuaient à arriver l'aide, les armes et les paramilitaires[214]. C'était l'une des opérations importantes de la guerre au cours de laquelle la partie serbe a pris le contrôle du corridor. On suppose qu'il y avait un accord entre Serbes et Croates, car les forces croates se sont simplement retirées, laissant derrière elles l'armée bosnienne, mal équipée[215],[216]. Florence Hartmann déclarait: « Début juillet, Zagreb ordonnait le retrait de l’armée croate de Posavina contre le retrait des forces serbes de Mostar.(…) Les forces serbes avaient désormais la voie libre pour relier leurs conquêtes et consolider l’étroit corridor qu’elles venaient de percer dans la vallée de la Save. En échange, le général Momcilo Perisic levait, fin juillet, le blocus de Mostar et rentrait a Belgrade. »[217].

Lors de l’occupation des villes, la JNA a utilisé des armes lourdes et blindées, ainsi que des avions, qu’elle seule possédait, et cette pratique a perduré après sa transformation en VRS. En juin 1992, les forces serbes ont lancé une offensive sur Jajce (opération Vrbas) dans le but de prendre des positions stratégiques et des centrales hydroélectriques sur la rivière Vrbas. En raison d'une mauvaise coordination et de désaccords entre les forces de défense de la HVO et de l'ARBiH, la ville a été occupée en octobre 1992. Pendant l'attaque, les forces serbes ont utilisé des unités blindées et des avions.

Le , les Nations unies adoptèrent la résolution 781 interdisant les vols militaires dans l'espace aérien au-dessus de la Bosnie-Herzégovine afin de protéger la population civile, notamment des attaques des avions serbes[218]. Cette interdiction n'a pas été respectée et l'aviation serbe a continué à bombarder certaines villes de Bosnie.

En 1992, le plus grand nombre de victimes civiles a été enregistré pendant le nettoyage ethnique des régions de Prijedor, Zvornik, Višegrad, Foča, Doboj, Bosanski Šamac, Sanski Most, ainsi que pendant le siège des villes de Sarajevo, Bihač, Srebrenica, Žepa, Mostar, Goražde. En plus de cela, de nombreux massacres ont été commis à Bijeljina, Snagovo, Vlasenica, Suha, Zaklopača, Glogova, Zijemlje, Bijeli Potok, Uzborak, Čemerno, Brčko, Ahatovići, Paklenik, Biljani, falaises de Korićani, Barimo, Mičivode, Novoseoci, Sjeverin et Grabovica.

À la fin de l’année, les relations entre les Croates de Bosnie et les Bosniaques se détériorent encore davantage et des conflits ouverts éclatent déjà.

1993[modifier | modifier le code]

Lors de l'offensive d'avril 1992 dans l'est de la Bosnie, les forces de la JNA serbes et les paramilitaires ont occupé plusieurs villes à majorité musulmane, dont Srebrenica, au cours de laquelle de nombreux civils ont été tués. Les villages musulmans autour de Srebrenica ont été attaqués à l'artillerie, aux tireurs d'élite et parfois par des bombardements aériens, tuant les habitants qui offraient peu de résistance et détruisant leurs maisons. Cela a entraîné un grand nombre de victimes civiles et les réfugiés qui ont fui vers Srebrenica ont fait augmenter la population de 9 000 à 40 000 personnes dans la ville et 70 000 dans l'enclave. Les forces armées musulmanes locales, dirigées par Naser Orić, ont organisé une guérilla et ont tué plusieurs membres du Garde des volontaires serbes (SDG) dans une embuscade, à la suite de quoi Srebrenica a été libérée le , mais est restée encerclée et assiégée. Isolée depuis des mois, l'enclave surpeuplée de Srebrenica, sans nourriture, sans eau et sans électricité, se retrouve dans une situation humanitaire catastrophique, un « génocide au ralenti » comme le décrit Diego Aria[219],[220]. Les civils exposés aux bombardements quotidiens meurent de faim, de froid, de blessures et d'infections[221]. En janvier 1993, la famine pousse les Bosniaques à attaquer les villages serbes voisins pour obtenir de la nourriture et des armes afin de survivre. Au cours de ces attaques, de nombreuses maisons serbes ont été détruites et des crimes ont été commis à Kravica et Skelani. Les Serbes ne laissent pas passer les convois humanitaires internationaux et, en mars 1993, le général français Philippe Morillon, l'un des commandants de la Force de protection des Nations unies (FORPRONU), arrive à Srebrenica. Cela a permis une courte trêve et l'évacuation de centaines de blessés. Cependant, après son départ, les bombardements ont repris[222]. En avril 1993, des observateurs de la FORPRONU ont signalé que l'artillerie de la Serbie bombardait l'est de la Bosnie et que des unités de la JNA traversaient la frontière entre la Serbie et la Bosnie pour participer à la destruction de Srebrenica[223].

Le Conseil de sécurité des Nations unies a renforcé les sanctions économiques déjà imposées à la Serbie et au Monténégro, déclaré Srebrenica "zone protégée" pour les civils, et plus tard, par la résolution 824, Sarajevo, Tuzla, Bihać, Goražde et Žepa ont reçu le même statut. Après cela, un accord de trêve a été conclu, conditionné par le désarmement des forces musulmanes à Srebrenica[221]. Cependant, cette trêve a souvent été violée par les Serbes, car cette enclave les empêchait d'avoir un territoire ethniquement homogène et continu, de sorte que Srebrenica est restée assiégée par les Serbes les années suivantes jusqu'en 1995[224].

Le , la République de Bosnie-Herzégovine a déposé une plainte pour génocide contre la République fédérale de Yougoslavie ( Serbie et le Monténégro) devant la Cour internationale de justice (CIJ). Le , par sa résolution 819, l'Drapeau des Nations unies Nations unies a averti la Serbie et le Monténégro qu'ils devaient prendre toutes les mesures en leur pouvoir pour prévenir la perpétration du crime de génocide. Il a également réaffirmé la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance politique de la République de Bosnie-Herzégovine, et a souligné que « toute prise ou acquisition de territoire par la menace ou l'emploi de la force, notamment par la pratique du "nettoyage ethnique", est illégale et inacceptable. »[225].

Entre-temps, le nettoyage ethnique des régions occupées par les forces serbes se poursuit, ainsi que les attaques et les sièges de nombreuses villes de Bosnie: Sarajevo, Bihać, Goražde, Mostar, Srebrenica, Žepa, Maglaj et Tešanj.

Le , à Sarajevo, le vice-Premier ministre du gouvernement de Bosnie-Herzégovine, Hakija Turajlić, a été tué lorsqu'un convoi de l'ONU, gardé par des soldats français, a été arrêté par des Serbes de Bosnie alors qu'il se rendait de l'aéroport au siège du gouvernement. Après que l'officier français a ouvert la portière de son véhicule blindé, le soldat serbe a tiré à bout portant sur Turajlić. Cet assassinat a tendu les relations entre le gouvernement bosnien et la FORPRONU[226].

Étant donné que l’interdiction des vols militaires au-dessus de la Bosnie, établie en 1992 par la résolution 781, n’a pas été respectée et que l’aviation serbe a continué à bombarder les villes de Bosnie, l’ONU a adopté la résolution 816 pour mettre en œuvre cette interdiction. C'est lors de l'Opération Deny Flight que, pour la première fois, les forces de l'OTAN ont abattu quatre avions serbes, lors de l'incident de Banja Luka[227]. Dans un rapport de 1994, le Conseil de sécurité des Nations Unies a déclaré que « d'octobre 1992 à mars 1993, il y a eu environ 540 violations de l'interdiction des vols militaires promulguée dans la résolution 781 (1992)[228]. ».

Les massacres et les détentions arbitraires des civils, ainsi que les viols systématiques des femmes et les opérations de nettoyage ethnique menées par les forces serbes pour prendre et contrôler des territoires, continuent. Suite à cette escalade de crimes, les Nations unies ont décidé par la résolution 827 du de créer un Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, chargé de juger les responsables de ces atrocités.

Le , lors du bombardement quotidien de Sarajevo, deux obus de mortier sont tombés des positions serbes sur le quartier de Dobrinja, causant la mort de 13 personnes et blessant 133 autres[229].

Dans le nord de la Bosnie, le dissident Fikret Abdić a développé la contrebande en faisant du commerce avec les Serbes et les Croates. En septembre 1993, il a déclaré la province autonome de Bosnie occidentale et a formé son armée avec l'aide des Serbes. Cela a provoqué un conflit avec l'Armée de la République de Bosnie-Herzégovine (ARBiH), où les Serbes lui ont apporté un soutien militaire, avec l'approbation simultanée du gouvernement croate. Le conflit a fait de nombreuses victimes, ce qui a conduit à la condamnation de Fikret Abdić après la guerre pour les crimes commis durant cette période.

En octobre 1993, des intellectuels et des laïcs bosniens ont demandé le changement du nom "Musulman", qui assimilait l'ethnicité et la religion, en "Bosniaque", qui définissait plus clairement l'appartenance ethnique.

Guerre croato-bosniaque[modifier | modifier le code]

1994[modifier | modifier le code]

1995[modifier | modifier le code]

Organisation[modifier | modifier le code]

L'ex-Yougoslavie, et surtout la Bosnie-Herzégovine, ont alors connu plusieurs années de guerre, marquées par des épisodes particulièrement violents : crimes de guerre, massacres, viols, déplacements forcés de populations, des crimes commis par chaque partie. Ces crimes de guerre ont pris une tournure raciste[réf. nécessaire][230],[231], selon le principe de purification ethnique. Toutefois, les déplacements de populations ont souvent été davantage un enjeu stratégique. En effet, ils désorganisaient notamment le camp adverse en lui imposant de prendre en charge des populations civiles supplémentaires et instauraient un climat de terreur. Dans bien des cas, cela a été suffisant pour faire fuir les populations locales avant l'arrivée des troupes ennemies.

Caractéristiques et atrocités[modifier | modifier le code]

Compte tenu de la participation de la Armée populaire yougoslave (JNA) devenue l'armée de Serbie, et de l'armée croate (HV) aux opérations militaires en Bosnie, les Nations unies ont classé cette guerre comme un conflit international[232],[233].

L'historien Renéo Lukic considère que c'était « une guerre de conquête territoriale »[45]. L'Organisation des Nations unies dans sa résolution 752 du

« Exige que cessent immédiatement toutes les formes d’ingérence extérieure en Bosnie-Herzégovine, y compris de la part d’unités de l’armée populaire yougoslave, de même que d’éléments de l’armée croate, et que les voisins de la Bosnie-Herzégovine agissent très rapidement pour mettre un terme à toute ingérence et respectent l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine[96]. »

De nombreux politiciens occidentaux et organisations de défense des droits de l'homme ont affirmé qu'il s'agissait d'une guerre d'agression de la Serbie et de la Croatie basée sur des accords de partition de la Bosnie. Comme le déclarent Burg et Shoup : « Du point de vue de la diplomatie et du droit internationaux… la décision internationale de reconnaître l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine et de lui accorder l'adhésion aux Nations unies a fourni une base pour définir la guerre comme un cas d'agression extérieure par la Serbie et la Croatie. En ce qui concerne la Serbie, on pourrait encore avancer que l'armée des Serbes de Bosnie était sous le commandement de facto de l'armée yougoslave et était donc un instrument d'agression extérieure. En ce qui concerne la Croatie, les forces régulières de l'armée croate ont violé l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, apportant des preuves supplémentaires à l'appui de l'idée qu'il s'agissait d'un cas d'agression »[234].

La Serbie dirigée par Slobodan Milošević a été largement considérée comme l'agresseur[235],[236],[237],[238], et ce conflit comme une guerre d'agression[79],[239], ou « une agression planifiée »[82],[240].

Les Bosniaques appellent ce conflit une agression contre la Bosnie-Herzégovine internationalement reconnue, et pour les Serbes et les Croates de Bosnie, c'est la guerre de la défense et de la patrie. On l’appelait aussi une « guerre des territoires » à cause de la politique expansionniste de Milošević.

Les expressions "toutes les parties ont commis des crimes" peuvent être entendues dans les débats sur cette guerre[28]. De cette façon la responsabilité est égalisée, et la victime et l'agresseur sont appelés parties belligérantes[241],[242]. Mais il existe de grandes différences dans le nombre de victimes civiles résultant des cibles militaires de la guerre. Ces chiffres montrent qui et où ont commis les crimes et le génocide contre le peuple de Bosnie. Une chose est certaine, la plupart de ces victimes se trouvaient du côté bosniaque.

Certains politiciens occidentaux ont affirmé qu'il y avait une « guerre civile » en Bosnie-Herzégovine et ont appelé toutes les parties au conflit, y compris le gouvernement de Bosnie, des « factions belligérantes ».

« Vance et Owen ont introduit la notion de «trois factions belligérantes». Cela plaçait le gouvernement de Sarajevo au même niveau que les insurgés croates et serbes Ainsi, les bases ont été jetées pour les négociations sur la partition de la Bosnie, qui comprenaient, à son tour, la décision de récompenser l'agression serbe. Les médiateurs de l'ONU et de la CE, ainsi que les médias occidentaux, ont commencé à traiter le gouvernement bosnien comme s'il ne représentait que des musulmans, même si, au 12 février 1993, le cabinet bosnien comprenait toujours six Serbes et cinq Croates aux côtés de neuf musulmans[122]. »

Et seulement « après trois ans de massacres, et surtout après l'humiliation des forces de la communauté internationale (chose finalement intolérable), il semble que l'opinion internationale ait admis à contrecœur et avec de grandes réserves que les Serbes sont les agresseurs »[243].

En tout cas, cela ne peut pas être considéré comme une guerre classique, surtout en 1992, quand il s'agissait d'un massacre de civils bosniaques désarmés[244],[245]. Ce n'est que lorsque les Bosniaques ont été armés en 1995 et le déséquilibre dans l'armement s'est atténué, cela peut être considéré comme une guerre entre armées, mais c'est à ce moment-là que l'accord de paix a été signé.

Exhumation des victimes du génocide de Srebrenica

Les Serbes ont commis le plus grand nombre de crimes. Un rapport de commission d’experts de Nations unies « conclut que, globalement, 90% des crimes commis en Bosnie-Herzégovine étaient le fait des Serbes extrémistes, 6% celui des Croates, 4 % celui des Musulmans extrémistes. »[246]. Ceci est également confirmé par la CIA[247].Devant la Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, le plus grand nombre de personnes reconnues coupables de crimes commis étaient des Serbes, et parmi les victimes civiles, 81 % étaient des Bosniaques, 11 % des Serbes et 6 % des Croates[4].

Les Serbes sont responsables de massacres systématiques de la population civile[244],[245], d’exécutions sommaires[248],[249],[250], d’extermination[251],[252],d’atrocités[197], de nettoyage ethnique[135],[102],[110], de viols massifs systématiques[253],[254], de traitements inhumains dans les camps de concentration[255],[256],[257], de sièges et de bombardements aveugles de villes et de villages[258],[259],de destruction du patrimoine culturel et d'édifices religieux[260],[261],[262], de prises d'otages de soldats de l'ONU[263] et de génocide[264],[265],[248].

D'autres parties au conflit ont commis des crimes.

Ainsi, les Croates de Bosnie ont expulsé les Bosniaques et les Serbes des zones que leurs forces contrôlaient, usant d'épuration ethnique, de massacres, de viols, de blocage d'aide humanitaire, et de conditions inhumaines dans des centres de détention[266],[210].

Dans une moindre mesure, les Bosniaques ont commis des crimes de guerre, des actes de torture, des travaux forcés et des persécutions humiliantes contre les Serbes et les Croates[267],[268].

Des événements dont les Serbes de Bosnie sont responsables, comme le siège de Sarajevo[269],[270],[271] et le génocide de Srebrenica[272],[273],[274] sont devenus emblématiques du conflit.

Jugement du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie[modifier | modifier le code]

Prises de position internationales et soutien étranger[modifier | modifier le code]

À la suite du début des conflits intérieurs en Yougoslavie, le Conseil de sécurité de l'ONU a passé dès septembre 1991 la résolution 713 décrétant un embargo sur la livraison d'armes à destination des territoires de l'ensemble yougoslave[275]. Cette résolution, en vigueur pendant la guerre de Bosnie, sera violée par de nombreux pays. Ainsi, plusieurs pays musulmans comme l'Arabie saoudite, la Turquie, l'Iran et le Pakistan ont fourni pour plusieurs centaines de millions de dollars d'armes aux Bosniaques durant la guerre, ainsi que, pour certains d'entre eux, des conseillers militaires[276],[9].

La Croatie a également fourni une assistance militaire significative et déployé des troupes aux côtés des Croates de Bosnie.

La position des États-Unis a varié au fil du conflit. En juillet 1992, le Président bosnien Izetbegovic demande aux États-Unis d'intervenir militairement contre les Serbes de Bosnie dans le conflit, ce à quoi le Président George Bush rétorque que son pays se limitera à de l'aide humanitaire et à l'application de sanctions économiques décidées par l'ONU[277]. À la suite de son arrivée au pouvoir, Bill Clinton change de cap et tente sans succès de persuader les gouvernements français, anglais et russe de participer à des raids aériens contre les Serbes, qu'il considère comme principaux responsables de la guerre[79]. Dans tous les cas, tant l'administration Bush que l'administration Clinton acceptent en secret, dès juin 1992, d'acheminer clandestinement de l'aide militaire aux Bosniaques[79].

Les déclarations d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie en , pourtant annoncées six mois avant, prennent la diplomatie française au dépourvu. Cette dernière s'accroche au principe essentiel de la guerre froide : le statu quo, le refus de toute modification de frontières. L'attitude française envers la Bosnie-Herzégovine sera identique : le Quai d'Orsay parle toujours des « belligérants », montrant une volonté claire de les renvoyer dos à dos, de ne pas prendre parti. La France s'illustrera surtout par des discours humanitaires, par une volonté de protéger les populations en faisant abstraction de la guerre en cours. Cette position atteindra son paroxysme avec la visite du Président François Mitterrand aux Casques bleus français à Sarajevo lors de laquelle il prononcera sa célèbre phrase : « Il faut laisser du temps au temps ».

La Bosnie-Herzégovine attire l'attention des pays occidentaux. Cette république multiethnique comptait un grand nombre de mariages mixtes (5,5 % de la population se déclarant « yougoslaves » selon le recensement de 1991, le taux le plus élevé de Yougoslavie). Certains intellectuels (comme Bernard-Henri Lévy) et hommes politiques présentent la Bosnie-Herzégovine comme un succès du multiculturalisme[non neutre], et un exemple réussi d'intégration d'une population musulmane en Europe[278]. À leurs yeux, soutenir la Bosnie-Herzégovine, c'est avant tout soutenir les musulmans, non pas les « musulmans », fidèles de l'islam, mais les « Musulmans » (ou Bosniaques), nationalité reconnu par Tito en 1971[279]. Le les intellectuels laïcs Musulmans (Adil Zulfikarpašić, Muhamed Filipović) ont changé le nom de la nation en Bosniaques, comme on appelait autrefois les habitants de la Bosnie. Les Musulmans menacés d'extermination[252]deviennent en ces temps de guerre une nationalité à protéger[280]. Bernard-Henri Lévy reçoit Alija Izetbegović à Paris en et est nommé avec Bernard Kouchner docteur Honoris causa de l'université de Sarajevo.

Le conflit est aussi marqué par une intense guerre médiatique qui dérive vers la désinformation, la non-vérification des faits et la manipulation de l'opinion internationale par des agences de communications[281],[282].

Dénouement[modifier | modifier le code]

Le dénouement du conflit intervient après un nettoyage ethnique mené par les Serbes de Bosnie et le génocide de Srebrenica en .

Du 13 au , l'armée des Serbes de Bosnie, commandée par Ratko Mladić, s'empare de Srebrenica, une enclave bosniaque encerclée depuis le début du conflit où se sont réfugiés des milliers de personnes. Jusqu'à cette offensive serbe, Srebrenica était sous la protection des Casques bleus. Les forces serbes commettent un massacre (8 000 personnes massacrées). Devant l'inefficacité des Casques bleus, les forces de l'Alliance atlantique (OTAN) sont alors intervenues en 1995 directement contre les milices serbes de Bosnie. En août de cette même année, la Croatie reconquiert la Krajina lors d'une opération-éclair de trois jours, l'opération Tempête, appuyée par des bombardements de l'OTAN. L'opération fait un millier de victimes et 200 000 réfugiés serbes sont alors déplacés. Dans le même temps, les forces bosniaques et croates acculent les Serbes à la défensive et reprennent le contrôle d'importants territoires. Les accords de Dayton signés le par Izetbegovic (bosniaque), Tudjman (croate) et Milosevic (serbe), mettent fin au conflit. La Bosnie-Herzégovine devient une confédération de deux entités, la Fédération croato-bosniaque (51 % du territoire, 65 % de la population) et la république serbe de Bosnie (49 % du territoire, 35 % de la population). Le TPIY créé durant la guerre a arrêté tous les dirigeants serbes incriminés (Ratko Mladić étant le dernier et a été arrêté le ), jugé et condamné des criminels de guerre. Le massacre de Srebrenica est considéré comme le « pire massacre commis en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Environ 400 Casques bleus néerlandais étaient sur place au moment du massacre, ceux-ci n'ont pas pu protéger les habitants comme ils le devaient, puisque le général français Bernard Janvier a refusé initialement le soutien aérien crucial pour les Néerlandais. En deuxième instance, quand il fut donné la permission pour les avions d'appui aérien en question, ils auraient déjà regagné leur base en Italie par manque de carburant. Pourtant, le , le tribunal de la Haye estime que l'État néerlandais est civilement responsable de 300 morts à Srebrenica. Aujourd'hui encore, des corps sont retrouvés en état de décomposition avancée sur les terres de Srebrenica. Ils sont examinés puis enterrés, chaque année à la même date, le , en présence de dizaines de milliers de personnes.

Victimes et bilans[modifier | modifier le code]

À la fin de la guerre, les estimations du nombre de victimes oscillent entre 25 000 et 329 000 morts. Les variations sont en partie le résultat de l'utilisation de définitions incohérentes de qui peut être considéré comme victime de la guerre, car certaines recherches n'ont calculé que les victimes directes de l'activité militaire tandis que d'autres recherches ont inclus ceux qui sont morts de faim, de froid, de maladie ou d'autres conditions de guerre. Ces chiffres ont depuis été revus à la baisse.

Pertes humaines 1991–1995
Chiffres des tués selon TPIY[283]
Total tués
104 732
Bosniaques 68 101
Serbes 22 779
Croates 8 858
Les autres 4 995
Civils tués
36 700
Bosniaques 25 609
Serbes 7 480
Croates 1 675
Les autres 1 935
Soldats tués
68 031
Bosniaques 42 492
Serbes 15 298
Croates 7 182
Les autres 3 058
Chiffres morts selon Centre de recherche et de documentation à Sarajevo[4]
Total tués
101 040
(au total comprend un statut inconnu de 5 100)
Bosniaques 62 013
Serbes 24 953
Croates 8 403
Les autres 571
Civils tués
38 239
Bosniaques 31 107
Serbes 4 178
Croates 2 484
Les autres 470
Soldats tués
57 701
Bosniaques 30 906
Serbes 20 775
Croates 5 919
Les autres 101

En , le Centre de recherche et de documentation basé à Sarajevo (CDR) a publié des recherches approfondies sur les morts de la guerre en Bosnie, également appelées The Bosnian Book of the Dead, une base de données qui a initialement révélé un minimum de 97 207 victimes de Bosnie-Herzégovine confirmés. Le chef de l'unité démographique du tribunal des crimes de guerre de l'ONU, Ewa Tabeau, l'a qualifiée de la plus grande et la plus fiable base de données existante sur les victimes de la guerre de Bosnie-Herzégovine. Plus de 240 000 données ont été collectées, vérifiées, comparées et évaluées par une équipe internationale d'experts afin de produire la liste de 97 207 noms de victimes[284].

Le bilan du Centre 2007 indiquait qu'il s'agissait de chiffres confirmés et que plusieurs milliers de cas étaient encore en cours d'examen. L'étude n'inclut pas les décès dus à des accidents pendant la guerre, ou dus à une manipulation imprudente des armes, à la famine ou au manque de médicaments[285].

Le CDR a publié des mises à jour périodiques de ses chiffres jusqu'en , date à laquelle elle a publié son rapport final[286].

Les chiffres de 2012 ont enregistré un total de 101 040 morts, dont 61,4 % étaient des Bosniaques, 24,7 % étaient des Serbes de Bosnie, 8,3 % étaient des Croates de Bosnie et moins de 1 % appartenaient à d'autres ethnies, avec 5 % supplémentaires dont l'appartenance ethnique n'était pas précisée.

Les décès de civils ont été établis à 38 239, ce qui représente 37,9 % du total des décès. Les Bosniaques représentaient 81,3 % de ces morts parmi les civils, contre 10,9 % pour les Serbes de Bosnie et 6,5 % pour les Croates de Bosnie[4]. La proportion de victimes civiles est d'ailleurs un minimum absolu car le statut de 5 100 victimes n'était pas établi, et parce que les familles avaient inscrit leurs proches décédés comme victimes militaires afin d'obtenir des prestations pécuniaires d'ancien combattant[287].

La validité du bilan des morts présenté par le Centre (CDR) est confirmée par l'étude distincte de Zwierzchowski et Tabeau (2010), basée sur l'estimation de systèmes multiples et réalisée sous les auspices du Bureau du Procureur du TPIY, qui place le nombre estimé de victimes à 104 732[283]. Ewa Tabeau a noté que les chiffres ne doivent pas être confondus avec "qui a tué qui", car, par exemple, de nombreux Serbes de Bosnie ont été tués par l'armée serbe lors du bombardement de Sarajevo, Tuzla et d'autres villes multiethniques. Les auteurs de ce rapport ont déclaré que le nombre réel de morts pourrait être légèrement plus élevé.

En 2012 Amnesty International a estimé que 30 000 personnes ont été portées disparues, et le sort d'environ 10 500 personnes, dont la plupart sont des musulmans bosniaques, reste inconnu[288].

La CIA estimait en 2013, le bilan du conflit en Bosnie-Herzégovine à 97 207 morts recensés, et environ 40 500 personnes disparues, dont 10 496 disparus dont le sort reste inconnu, soit au total, 2,5 % de la population de la Bosnie-Herzégovine en 1995.

La Commission des droits de l’homme des Nations unies a déclaré que le conflit en Bosnie-Herzégovine a forcé plus de 2,2 millions de personnes à fuir leur foyer, ce qui en fait le plus grand déplacement de personnes en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale[289] après la Guerre russo-ukrainienne[290].

Dispositif des forces de paix après 1995[modifier | modifier le code]

  • Sous commandement de l'OTAN
    • IFOR : opération « Joint Endeavour » de à (60 000 hommes).
    • SFOR : opérations « Joint Guard » et « Joint Forge » jusqu'en (de 32 000 à 7 000 hommes).
  • Sous commandement de l'Union européenne
    • EUFOR : opération « Althea » (7 000 hommes). 33 nations participent à l'opération Althea, dont onze nations hors Union européenne. La France est le 5e pays contributeur, avec 460 hommes[291]. Cette opération est toujours en cours en 2022[292].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sources universitaires[modifier | modifier le code]

Sources journalistiques[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

Autres sources[modifier | modifier le code]

Romans et bandes dessinées[modifier | modifier le code]

Films et documentaires[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Yougoslavie "Suicide d'une nation européenne" Un film de Brian Lapping, production BBC, sorti en 1995, part: 1, 2, 3, 4, 5, 6,

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]