KFC se lance dans l’impression 3D de nuggets de poulets

Technologie : Pour inventer les "nuggets du futur", la chaîne de restauration rapide KFC veut se reposer sur l'impression 3D. Une démarche à la fois écologique et respectueuse de l'environnement, défend le géant américain du fast-food.

Par Pierre Benhamou

  • 4 min

KFC%20620

La chaîne de fast-food KFC voit son avenir en trois dimensions. La chaîne américaine de restauration rapide souhaite pas moins que créer le « restaurant du futur » en utilisant la technologie d’impression 3D pour produire des nuggets de poulet destinés à nos tables. Celle-ci a en effet annoncé la semaine passée un partenariat avec 3D Bioprinting Solutions, une société russe spécialisée dans l’impression 3D via le recours à des bio-imprimantes capables de produire des produits à base de tissus et d’organes.

La société, fondée en 2013 par la plus grande entreprise pharmaceutique de l’industrie russe, Invitro, est notamment célèbre pour avoir imprimé du tissu humain sur la glande thyroïde d’un rongeur lors d’un test à bord de la Station spatiale internationale (ISS) réalisé en 2018. De retour sur la planète Terre, l’entreprise mise désormais sur le potentiel de la restauration rapide imprimée en 3D. Cela passe notamment par ce partenariat avec le géant du fast-food américain.

L’accord conclu entre KFC et la société basée à Moscou portera sur la création, en laboratoire, d’une « viande de poulet » destinée à devenir aussi proche que possible des nuggets de poulet standard.

« Le projet vise à créer les premiers nuggets de poulet produits en laboratoire au monde », explique en effet la direction de KFC, pour qui « ces nuggets devront être aussi proches que possible du produit KFC original, tant dans le goût qu’en apparence, tout en étant plus écologiques à produire que la viande ordinaire ». Les essais de produits finaux des prototypes, qui se dérouleront à Moscou, sont prévus pour l’automne. A noter que les produits qui découleront de ces expériences seront tout d’abord disponibles sur le marché russe avant d’être commercialisés à l’international en fonction des accords conclus par la chaîne américaine.

Une démarche écologique ?

Pour la chaîne de restauration, la démarche s’avère bien plus vertueuse que ce qu’elle pourrait sembler. Selon KFC, l’exploration de l’impression 3D comme moyen de produire la « viande du futur » a en effet été motivée par « le besoin de développer des méthodes de production alimentaire plus respectueuses de l’environnement », ainsi que pour répondre à la demande croissante des consommateurs pour des alternatives à la viande traditionnelle.

Et de rappeler les résultats d’une étude publiée par l’American Environmental Science & Technology Journal selon laquelle la culture de viande en laboratoire permettrait de diviser par 25 les émissions de gaz à effet de serre et d’utiliser 100 fois moins de terres que la production traditionnelle de produits carnés.

A noter que les produits imprimés en 3D seront toujours basés sur des tissus animaux et ne conviendront donc pas aux végétariens ou aux végétaliens. Les pépites de poulet produites en laboratoire seront composées de tissus cultivés à partir de cellules de poulet combinées à du matériel végétal pour reproduire le goût et la texture du poulet typique. La viande bioimprimée sera ensuite épicée et panée « pour obtenir le goût caractéristique de KFC », comme l’a fait savoir la chaîne de restauration rapide.

« Chez KFC, nous suivons de près toutes les dernières tendances et innovations et nous faisons de notre mieux pour rester à la page en introduisant des technologies de pointe dans nos réseaux de restaurants », a fait savoir Raisa Polyakova, directrice générale de KFC Russie lors de la conclusion de cet accord. Pour cette dernière, il s’agit pour la chaîne d’une évolution logique, « les produits carnés artisanaux étant la prochaine étape » de la révolution de l’impression 3D.

Une production vertueuse, explique KFC

Avec la perspective du réchauffement climatique et de l’impact environnemental de l’élevage d’animaux pour répondre à la demande de viande et aux préoccupations relatives au bien-être des animaux, la production en masse d’aliments cultivés en laboratoire fait aujourd’hui florès chez les industriels.

« Les scientifiques du monde entier travaillent d’arrache-pied sur des solutions qui permettraient d’assurer un approvisionnement alimentaire stable à la population mondiale croissante tout en réduisant l’impact négatif sur l’environnement », explique en effet la direction de KFC. Pour elle, « l’utilisation de technologies basées sur la bioimpression 3D s’avère prometteuse dans ce domaine ».

Selon une étude réalisée en 2011 par l’université d’Oxford et l’université d’Amsterdam, la production de viande dite de culture pourrait réduire les gaz à effet de serre de 96 % par rapport à l’élevage de porcs, de moutons et de vaches. En outre, les chercheurs estiment que la production de viande de culture pourrait à terme nécessiter 45 % d’énergie en moins, 99 % d’utilisation de la terre en moins et 96 % d’utilisation d’eau en moins.

2020 devrait être une année charnière pour l’industrie de l’impression 3D. Selon un nouveau rapport de 3D Hubs, la valeur totale des pièces imprimées en 3D a augmenté de 300 % en 2019. Plus de 550 000 pièces ont été imprimées en 3D dans le seul écosystème de 3D Hubs, et la valeur totale des pièces imprimées en 3D a triplé. Selon HP, qui ambitionne de s’imposer comme l’un des géants du secteur, l’année 2020 devrait accélérer l’adoption de l’impression 3D par les entreprises et verra la fabrication additive remplacer les méthodes de fabrication traditionnelles dans de nombreux cas d’utilisation.

Connexion

Vous n’avez pas encore de compte ?

AUTOUR DE ZDNET
SERVICES
À PROPOS