Partager
Cerveau et psy

Question de la semaine : pourquoi le temps nous paraît long enfant, mais semble filer en vieillissant ?

"Pourquoi le temps nous paraît long quand nous sommes enfants, et semble filer à toute allure quand nous sommes adultes ?", nous demande une lectrice sur notre page Facebook. C'est notre question de la semaine.

3 réactions
Sabliers

Le temps que nous percevons dépendrait des changements observés, par exemple via les images visuelles.

Creative Commons / Pixabay

"Pourquoi le temps nous paraît long quand nous sommes enfants, et semble filer à toute allure quand nous sommes adultes ?", nous demande Sandra Dufresne sur la page Facebook de Sciences et Avenir. Merci à tous pour votre participation et votre fidélité à notre question de la semaine. Pour y répondre, nous vous invitons à (re)découvrir ci-dessous l'article écrit par Camille Gaubert en 2019 expliquant notamment que chez les enfants, le cerveau traite plus rapidement les nouvelles perceptions.

Des expériences de jeunesse "traitées en rafale"

"Déjà la rentrée ! Le temps passe vite…", ont réagi d'innombrables adultes en ce début septembre. Pourtant, nous nous rappelons tous des longues journées d'école étant enfants et des vacances qui semblaient durer toujours. Comment expliquer que le temps semble s'accélérer avec l'âge ? Cette accélération est-elle continue ? Selon un scientifique américain, de simples bases physiques peuvent expliquer ce phénomène, d'après un article publié dans la revue European Review.

Avez-vous remarqué que les journées perçues comme "plus lentes" sont pleines de productivité, d’événements et génératrices de souvenirs ? D'après le Pr Adrian Bejan, c'est dans cette différence que réside l'explication de l'énigme. Enseignant le génie mécanique à l'université de Duke, il explique que le temps que nous percevons dépend des changements observés, par exemple via les images visuelles. "L'esprit humain perçoit la réalité (nature, physique) à travers des images apparaissant au moment où les entrées visuelles atteignent le cortex", explique-t-il, ainsi "l’esprit ressent le 'changement de temps' lorsque l’image perçue change".

Mais voilà : un cerveau jeune reçoit plus d'images et à une plus haute fréquence pendant une journée que le même cerveau plus âgé. "Les gens sont souvent étonnés de voir combien ils se souviennent de jours qui semblaient durer éternellement dans leur jeunesse", déclare dans un communiqué le Pr Bejan. "Ce n’est pas que leurs expériences étaient beaucoup plus profondes ou plus significatives, c’est juste qu’elles étaient traitées en rafale". Car selon lui, cet écart temporel apparent peut être imputé à la vitesse toujours plus lente à laquelle les images sont obtenues et traitées par le cerveau humain à mesure que le corps vieillit.

Des réseaux de neurones vieillissants

Pour le Pr Bejan, la taille et la complexité des réseaux de neurones grandissent avec le temps, obligeant les signaux à parcourir de plus longs trajets. De plus, ces réseaux vieillissent et se dégradent également, ce qui confère une résistance accrue au flux de signaux électriques. En raison de ces phénomènes, le taux d'acquisition et de traitement de nouvelles images mentales diminue avec l'âge. Résultat : comme les personnes âgées affichent moins de nouvelles images dans le même laps de temps, il leur semble que le temps passe plus vite.

D'après Christian Yates, mathématicien à l'université de Bath (Angleterre), dans The Conversation, d'autres explications pourraient expliquer cette accélération du temps perçu. Ses théories se rapprochent de l'explication d'Adrian Bejan : un ralentissement global de notre métabolisme, rejoignant une respiration et une fréquence cardiaque plus lentes, résultant en une perception accélérée du temps. Une autre théorie voudrait que notre perception du temps s'allonge à mesure que l'environnement nous est familier. Ainsi, un enfant pour qui tout est sujet à étonnement enregistrera plus d'informations sur la même période de temps que les adultes, ralentissant sa perception du temps.

Le temps perçu entre nos 5 et 10 ans serait le même qu'entre nos 40 et nos 80 ans !

Christian Yates estime cependant ces théories insuffisantes pour expliquer ces différences de perception, surtout au vu de l'ampleur de l'accélération perçue, correspondant à une échelle logarithmique. Cette échelle prévoit une multiplication par 10 entre chaque unité. Elle permettrait de visualiser l'accélération continue perçue du temps en fonction de l'âge. En effet, le temps déjà vécu serait un bon indicateur de cette perception. Par exemple, une année pour une enfant de 2 ans correspond à la moitié de sa vie, mais seulement à 10% de celle d'un enfant de 10 ans, et à 5% d'un jeune de 20 ans. Donc selon cette échelle, la durée perçue est exactement la même entre 5 et 10 ans qu'entre 10 et 20 ans, 20 et 40 ans et 40 et 80 ans...

"Je ne veux pas finir sur une note déprimante, mais la période de cinq ans que vous avez vécue entre cinq et dix ans peut sembler aussi longue que celle entre 40 et 80 ans", conclut Christian Yates avec humour. "Alors restez occupés. Le temps passe vite, que vous vous amusiez ou non. Et il passe de plus en plus vite chaque jour".

3 réactions 3 réactions
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications