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Covid-19 : un nouveau traitement antiviral qui cible l’ARN du virus

Publié le 04 Déc 2022 à 08H00 Modifié le 30 décembre 2022
Covid-19 : un nouveau traitement antiviral qui cible l’ARN du virus
Cibler les brins d’ARN du coronavirus pourrait-elle être une nouvelle stratégie pour la conception d’antiviraux ? Oui ! Une équipe de chercheurs américains a réussi à concevoir un nouveau type de traitement antiviral. Celui-ci à la capacité de bloquer directement les structures filamenteuses qui ordonnent aux cellules hôtes de répliquer le virus. ce mécanisme pourrait être une solution thérapeutique pour lutter contre le covid-19, et même contre de prochains coronavirus susceptibles de surgir à l’avenir.

Comment gagner le contre-la-montre face à la mutation constante du virus et la prolifération des variants ? Entre les pays qui n’ont pas une quantité suffisante de vaccins et les personnes réticentes à se faire vacciner, un traitement antiviral pourrait se profiler comme le prochain angle d’attaque. Il pourrait également être un besoin pour faire face à de futures pandémies.

Présenté dans une étude parue dans Science Advances, ce nouvel antiviral constitué de molécules amilorides est une nouvelle solution proposée. Son mécanisme se distingue d’autres antiviraux comme le molnupiravir, le remdisivir ou le Paxlovid, du fait qu’il bloque le « cerveau maître » du virus, l’ARN, avant que celui-ci commence à se répliquer.

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Covid-19 : comment fonctionne la nouvelle molécule antivirale ?

L’ARN du SARS-CoV-2 contient les instructions génétiques permettant d’infecter nos cellules. Ce bout d’information prend contrôle de la machinerie biologique de nos cellules pour ensuite se répliquer. La cellule hôte lit alors l’information génétique du virus – jusqu’à 3000 lettres nucléotides – transmise par l’ARN, et poursuit la production de protéines nécessaire à la réplication du virus. Les antiviraux déjà existants bloquent ces protéines. Les chercheurs américains ont identifié un type de molécule, intitulé « amilorides », qui a la capacité de s’attacher à la structure d’ARN. Ce composé amiloride peut bloquer le virus, avant même que celui-ci ordonne à nos cellules de se répliquer.

L’équipe de scientifiques réalisait déjà des expériences avec cette molécule et sa capacité de lutter contre des virus à ARN, lorsque la pandémie du covid-19 a frappé le monde. Ils se trouvaient en voie de développement d’un médicament contre l’Enterovirus 71, responsable d’infections telle que le syndrome « pieds-mains-bouche », touchant principalement les enfants.

Afin de trouver le composé antiviral efficace contre le covid-19, les chercheurs ont d’abord testé 23 molécules à base d’amiloride. Finalement, 3 composés ont montré une majeure efficacité à de grandes doses et sans causer des endommagements collatéraux aux cellules hôtes. Testées sur des cellules in-vitro infectées du SARS-CoV-2, ces molécules ont réduit l’infection en 24 heures.

Grâce à la spectroscopie par résonance magnétique, les chercheurs ont pu observer en détail, l’interaction entre les molécules amilorides (l’antiviral) et l’ARN du SARS-CoV-2. Résultat ? Les amilorides empêchent le virus de s’accumuler en se liant dans le site où se trouvent les 800 premières lettres du génome viral.

Les défis de créer un antiviral à ARN :

L’ARN du virus est une structure qui forme de nombreux plis avec une forme d’épingle à cheveux. Les amilorides doivent donc s’accoupler à ses plis pour bloquer son action. Le problème ? Les structures à ARN sont instables et « rebondissent » énormément. De plus, les amilorides peuvent avoir du mal à trouver l’ARN du virus, car 85 % de l’ARN au sein des cellules appartiennent à la cellule hôte, et non pas au virus.

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Molécules amilorides : une stratégie pour les prochaines pandémies à coronavirus ?

Dans l’attente du brevet de leur méthode, et aspirant à rendre un médicament approuvé, l’équipe de chercheurs prévoit de tester les composés sur des souris. Par la suite, ils ont l’ambition que leur méthode puisse être utilisée sur d’autres coronavirus. Des nouvelles épidémies à coronavirus sont effectivement une possibilité à envisager à l’avenir. Si l’ARN des potentiels coronavirus reste sans majeurs changements, comme c’est le cas du SARS qui a surgi en 2002 ou le MERS en 2012, cette méthode pourra rester valable dans la lutte.

Un dernier avantage est à considérer avec ce potentiel traitement. Une fois validé, il pourrait être combiné avec d’autres antiviraux ayant une méthode différente de défense. Cette association permettrait d’obtenir un traitement qui attaque plusieurs angles du virus. Cette stratégie aurait aussi le bénéfice de diminuer la capacité du virus de développer une résistance aux médicaments, un effet important à considérer dans la création des médicaments.

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Initialement publié le 26/11/2021

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