Moselle - Environnement Mais où est donc passé le merle noir ?

Depuis l’été dernier, le merle noir a déserté les jardins. Mais qu’est-il arrivé à cet oiseau reconnaissable par son chant et son bec orange, et que l’on observait encore l’hiver dernier ?
Cécile PERROT - 13 janv. 2019 à 14:00 | mis à jour le 13 janv. 2019 à 14:38 - Temps de lecture :
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Oiseau commun des jardins, le merle noir, reconnaissable par son répertoire varié et son bec orange, est une des premières victimes du virus Usutu. Sa rareté est constatée depuis la fin de l’été dernier. On saura au printemps si le merle a été victime d’une hécatombe quand les premiers comptages seront réalisés.  Photo Maury GOLINI
Oiseau commun des jardins, le merle noir, reconnaissable par son répertoire varié et son bec orange, est une des premières victimes du virus Usutu. Sa rareté est constatée depuis la fin de l’été dernier. On saura au printemps si le merle a été victime d’une hécatombe quand les premiers comptages seront réalisés.  Photo Maury GOLINI

Quel est le constat ?

Le merle noir a disparu. « C’est un phénomène constaté depuis la fin de l’été. D’habitude, le merle se montre en hiver. On commence à en revoir mais par rapport aux autres années, c’est très peu », confirme Daniel Pernet, vice-président de la LPO Moselle. « D’ailleurs, quand on en voit un ou deux, on est content, poursuit le responsable LPO du pôle protection des espèces. L’autre matin, j’en ai entendu un chanter. On le remarque aujourd’hui parce qu’il est plus rare. »

L’ami du jardinier, pour son appétence pour les limaces, est en danger. Foudroyé par le virus Usutu, originaire d’Afrique australe et transmis par les moustiques. « Ce virus décime les oiseaux, principalement le merle et les mésanges sont aussi touchées mais en plus petite proportion », résume Daniel Pernet. « Nous avons eu beaucoup d’appels cet automne. Les gens retrouvaient des oiseaux morts dans leur jardin. » Des dépouilles sans trace de lésions.

Quel est ce virus ?

Le virus Usutu, du nom d’une rivière d’Afrique du sud, est transporté par les moustiques. Il a été formellement identifié en France dans les années 2015.

Usutu provoque chez les passereaux et oiseaux nocturnes des troubles neurologiques désastreux : apathie, perte de coordination des mouvements et anorexie. « Apparemment, la mort est subite. »

Où en est la population ?

C’est trop tôt pour le savoir. « On saura si le merle a subi une hécatombe au printemps, Pour l’instant, il n’y a pas de comptages. Ils seront organisés par les ornithologues au niveau national. Il faut attendre la nidification des merles qui ont survécu ou qui viennent d’ailleurs. » C’est, en tout cas, la première année où son absence est remarquée. « La chute est brutale. Les années précédentes, les variations de population étaient saisonnières selon l’alimentation et la météo. »

Comment aider le merle ?

À côté des graines de tournesols mises à disposition pour les mésanges, le couvert des merles pourra être composé de vers de farine séchée. « On les trouve en animalerie mais c’est une denrée assez chère. En revanche, pensez à lui mettre des pommes gâtées ou abîmées, le merle en raffole.  »

L’autre ennemi, le chat

Le merle cherche sa nourriture au sol : « On peut répandre ces vers de farine au sol ou sur un plateau, mais loin du chat. Cet animal domestique est un gros problème pour la petite faune. En France, il y a quinze millions de chats de propriétaires et un chat tue en moyenne 10 oiseaux par an. Le calcul est vite fait : 150 millions d’oiseaux sont tués par des chats chaque année », termine Daniel Pernet. Un autre combat mais un triste sort pour le merle épargné par Usutu.