Diffamation, injure, calomnie… Risquez-vous des poursuites en justice ?

Publié par Rosine Maiolo  |  Mis à jour le par

Diffamation, injure, calomnie… Autant d’infractions qui peuvent vous être reprochées. Entre liberté d’expression et violation de la loi, attention à ne pas franchir la frontière.

Existe-t-il des limites à la liberté d’expression en France ?

En France, la liberté d’expression est un principe intangible. Toute personne peut librement émettre une opinion, positive ou négative, sur un sujet, mais aussi sur une personne. Il s’agit d’un droit fondamental inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Cependant, comme pour tout droit, son abus peut être sanctionné, dans les cas déterminés par la loi. Le franc-parler connaît ses limites. C’est ainsi que les auteurs de propos diffamatoires, d’injures ou de dénonciations calomnieuses encourent des sanctions pénales.

Quelle sanctions en cas de dénonciation calomnieuse ?

Tout d’abord, vous ne pouvez pas dénoncer un fait qui est de nature à entraîner des sanctions judiciaires, administratives ou disciplinaires alors que vous savez que vos allégations sont inexactes. Vous vous rendriez coupable du délit de dénonciation calomnieuse, puni de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende (article 226-10 du Code pénal).

Tel serait le cas si vous dénonciez pour vol une personne auprès de son employeur tout en sachant qu’elle est hors de cause, ou si vous accusiez votre ex-conjoint de maltraiter vos enfants alors que vous savez qu’il n’en est rien.

Quelle sanction en cas de diffamation ?

Par ailleurs, vous commettriez le délit de diffamation si vous teniez des propos portant atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne, dès lors que celle-ci est nommément désignée ou clairement identifiable. Peu importe le mode de communication utilisé (voie orale, courrier, texto, Internet).

Mais vous serez mis hors de cause si vous rapportez la preuve de la véracité de vos propos. Par exemple, si vous qualifiez votre voisin de "repris de justice" alors qu’il a fait l’objet de condamnations pénales ; ou si vous accusez votre boucher de vendre de la viande avariée et êtes en mesure de le prouver.

Toutefois, la preuve de la vérité ne peut jamais être rapportée si les faits concernent la vie privée, ou s’ils sont amnistiés ou prescrits. Dans ces trois cas, il y a toujours diffamation. Ainsi, si vous suggérez que votre collègue de travail a eu sa promotion en couchant avec le patron, vos propos seront forcément qualifiés de diffamatoires, quand bien même vous rapporteriez la preuve de la vérité.

Quelle sanction en cas d'injure ?

Enfin, si vous vous exprimez de façon outrageante sans évoquer un fait précis, vous proférez des injures. "Tel sera le cas si vous traitez une personne de 'sale con'. Dans ces affaires, le juge se prononce au cas par cas", précise maître Murielle Cahen, avocate à Paris.

Les peines en cas de diffamation publiques et privées

Selon que l’infraction est commise en public ou dans le cadre privé, la sanction est plus ou moins lourde.

En cas de diffamation en privé :

Vous encourez une amende de 38 € (contravention de 1re classe) pour une diffamation ou une injure proférée en privé (par exemple, à votre domicile) (articles R. 621-1 et R. 621-2 du Code pénal). La condamnation est plus grave si l’infraction est commise envers une personne à raison de son origine raciale ou de son appartenance à une religion ou encore à raison de son sexe, de son orientation sexuelle, de son identité de genre ou de son handicap : 1 500 € d’amende (contravention de 5e classe) si vous diffamez ou injuriez dans un lieu privé !

En cas de diffamation publique :

Pour une diffamation en ou injure proférée en public (sur Internet, dans un bar, sur votre lieu de travail) (articles 32 et 33 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse) vous encourez une amende de 12 000 €. Concernant une diffamation ou une injure commise en public envers une personne à raison de son origine raciale ou de son appartenance à une religion ou encore à raison de son sexe, de son orientation sexuelle, de son identité de genre ou de son handicap, la condamnation est bien plus lourde : jusqu’à un an d’emprisonnement et/ou 45 000 € d’amende.

N’oubliez pas qu’en plus de poursuites pénales, vous pourriez devoir verser des dommages et intérêts.

Diffamation au travail : quelles sanctions risquent le salarié ?

Par ailleurs, vos propos peuvent vous conduire jusqu’au licenciement pour faute grave. En tant que salarié, vous disposez d’un droit de critique mais vous êtes tenu à une obligation de loyauté et vos propos ne doivent être ni injurieux ni diffamatoires. Par conséquent, libre à vous de critiquer vos supérieurs hiérarchiques suite à la mise en place d’une nouvelle organisation, aux pressions que vous subissez…, mais ce droit cesse devant les attaques personnelles.

Aussi, pour être tranquille, évitez de vous exprimer ou d’écrire sous le coup de la colère, tentez d’argumenter vos dires en les étayant de preuves, et surtout ne parlez pas dans le seul but de nuire.

Victime d’injures en ligne, portez plainte !

  • Portez plainte pour diffamation ou injures dans les trois mois de la première publication. Une enquête pourra être ouverte et permettra d’identifier l’auteur de l’infraction (grâce notamment aux adresses IP fournies par les hébergeurs et les fournisseurs d’accès à Internet).
  • Réunissez des preuves (page Web imprimée ou constat d’huissier).
  • Contactez le responsable du forum pour l’informer des propos litigieux. Il les retirera, car il est responsable civilement et pénalement de l’ensemble des messages qui y sont publiés.