Le 18 janvier 2021, la Haute Cour de Séoul a condamné Lee Jae-yong, vice-président de Samsung Electronics, à deux ans et six mois de prison pour corruption et détournement de fonds. Il est accusé d’avoir versé des pots-de-vin, avec l’argent de la société, à l’ancienne présidente sud-coréenne Park Geun-hye et à son amie Choi Soon-sil.

Ces deux dernières sont déjà en prison, condamnées pour la première à vingt-deux ans de réclusion et pour la deuxième à dix-sept ans. Lee Jae-yong, qui avait déjà été incarcéré pour la même affaire de février 2017 à février 2018, est retourné en prison après la sentence. Il lui reste donc un an et six mois à y purger sa peine, précise le journal Money Today. L’éditorial du quotidien Hankyoreh estime de son côté qu’avec cette condamnation se termine l’essentiel du travail de la justice sur le scandale déclenché en 2016, qui a abouti à la destitution de la présidente Park en mars 2017.

Juste avant l’annonce de la condamnation, le quotidien conservateur Chosun ilbo publiait un article titré : “Le jour du destin de Lee Jae-yong : l’avenir de Samsung et de l’économie coréenne en dépend”, allant ainsi dans le même sens que les demandes de clémence exprimées par de nombreux industriels.

Les arguments avancés par le journal sont nombreux :

Depuis qu’il avait été relâché, en février 2018, Lee Jae-yong s’est efforcé de rénover l’image du groupe, en annonçant d’importants investissements dans quatre secteurs : intelligence artificielle, 5G, médicaments biologiques et composants électroniques pour voitures. L’an dernier, il a mis en place au sein du groupe une commission de surveillance du respect de la loi, composée de personnalités extérieures. Sur le conseil de cette commission, il a présenté ses excuses à la population en promettant d’autoriser les activités syndicales de ses employés et de ne pas léguer son pouvoir, en tant que chef du groupe, à ses enfants.”

Selon Chosun Ilbo, en 2020 les bénéfices comptables de Samsung Electronics auraient augmenté de 29,46 % par rapport à ceux de 2019.

De son côté, Hankyoreh critique ce soutien apporté à celui qui est devenu le patron de facto de Samsung depuis la mort de son président Lee Kun-hee en octobre dernier : “À chaque fois que les dirigeants de Samsung ont eu affaire à la justice pour avoir commis des actes illégaux, il y a eu des voix criant à la crise nationale, insistant sur le rôle de Samsung dans l’économie coréenne”, explique le journal, qui qualifie cette attitude d’“anachronique” et la critique fortement : “L’incarcération d’un an de M. Lee n’a pas affecté la gestion du groupe. Les actes qu’il a commis n’avaient aucun rapport avec les activités normales d’une entreprise, mais ne servaient que ses propres intérêts et ceux de sa famille”, fustige-t-il, faisant allusion au fait que les pots-de-vin qu’il a versés à l’exécutif avait pour but de s’assurer le soutien de ce dernier dans sa succession à la tête du groupe.